RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

DEPRIESTER Daniel

 

DEPRIESTER Daniel

 

 

Surveillant de ronde aux ateliers d’ HELLEMMES (59)

 

 

 

Date de naissance : 14 avril  1914

Lieu de naissance : Inconnu

Date de décès : 7 juin 1944.

Lieu de décès : SECLIN (59)

Circonstances : Fusillé

 

Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :

 

Ouvrage CE NORD PAS DE CALAIS

Site Internet ; http://beaucoudray.free.fr/ascq2.htm

Source photo: ouvrage Ascq 1944, la nuit la plus longue, Dr J.M. Mocq, Actica Editions, 1971.

« Le mardi 30 mai, le conseil de guerre de la Feldkommandantur de Lille se réunissait en vue de juger les résistants ascquois accusés d'attentat contre le train militaire, le ter avril, et de détention d'armes et d'explosifs. La presse allemande avait publié de longs articles sur la découverte à Ascq d'une bande de terroristes qui avait attaqué le train S. S. après en avoir fait sauter une partie. Il fallait bien justifier les réactions et répondre aux dures et accablantes vérités de la radio alliée. Ce que furent les interrogatoires des accusés est facilement imaginable. Tous les moyens usités par la Gestapo furent mis en œuvre mais il faut avouer que les Allemands désiraient obtenir des aveux susceptibles de justifier les représailles. Les alibis fournis furent minutieusement contrôlés et reconnus exacts : Daniel Depriester travaillait ce soir-là aux ateliers d'Hellemmes comme surveillant. Mlle Cools, Mangé, Monnet, Gallois et Marga étaient censés être allés au cinéma ou être restés chez eux tandis que Delécluse avait effectivement joué une partie de cartes au café Méplomt, réussissant avec le tenancier et André Maccou à échapper à la rafle tandis que ses deux autres partenaires, Francke et Deffontaines tombaient sous les balles du commando Weltzmayer près de l'église. Finalement sous la menace, la Gestapo fit signer à mile Cools et aux autres Ascquois des dépositions qu'ils n'avaient jamais faites et qu'ils n'eurent même pas le droit de lire.

Une mise en scène inaccoutumée préside au jugement. L'affaire en vaut la peine. Un tribunal civil au complet siège à côté d'un non moins imposant tribunal militaire. De 9 heures à 17 heures, presque sans désemparer, les juges veulent convaincre les accusés du crime d'attentat à la mitraillette et à la dynamite contre le train. Le docteur Charles Gasper, interprète près le tribunal, traduisait aux accusés les faits reprochés. Après cinq minutes d'audience, les juges les avaient condamnés à mort. Ainsi, pensaient-ils, n'ayant plus rien à craindre, les Ascquois parleraient, ce qui ne se produisit pas. Après des débats mouvementés, le président du tribunal civil fut vivement apostrophé par Delécluse qui lui reprocha de ne pas tenir compte des alibis reconnus vrais par la Gestapo elle-même. La réponse fut claire : " C'est exact, vous n'êtes pas responsables de l'attentat d'Ascq mais vous paierez pour les autres ! " Et les accusés furent une deuxième fois condamnés à mort. L'énoncé du jugement est ainsi libellé :

Tribunal de la Feldkommandantur
Jugement
du Conseil de guerre
Dans l'affaire contre :

1. Delécluse Paul, né le 31 octobre 1910 à Anstaing.

2. Mangé Eugène, né le 8 janvier 1906 à Lille.

3. Gallois Henri, né le 15 novembre 1914 à Ascq.

4. Marga Louis, né le 28 décembre 1898 à Louvil.

5. Monnet Raymond, né le 23 septembre 1910 à Fretin.

6. Depriester Daniel, né le 14 avril 1914 à Ascq.

7. Cools Jeanne, née le 1"r mars 1903 à Ascq.

8. Delécluse Raymonde, née Thieffry, née le 21 septembre 1912 à Annappes.

Tous détenus présentement à la prison de Loos, section allemande, pour avoir favorisé l'ennemi, détention d'armes, sabotages etc...

Le tribunal de guerre de la Feldkommandantur réuni le 30 mai 1944 à Lille...

Au nom du peuple allemand

À reconnu de bon droit :

Sont condamnés à mort :

a) DELÉCLUSE, MANGÉ, GALLOIS, MARGA, MONNET et DEPRIESTER,

pour avoir favorisé l'ennemi en procédant à des actes de sabotage et pour crime contre la loi relative aux explosifs, en outre, en ce qui concerne Delécluse et Mangé, en plus pour détention d'armes et d'explosifs ; en ce qui concerne Gallois, Monnet et Depriester, pour n'avoir pas dénoncé la détention d'armes et d'explosifs. »

 

Vers les seize heures, des camions militaires sortent de la prison de Loos et roulent vers le vieux fort de Seclin. Dans l'un d'eux, les six résistants ont pris place, solidement gardés. Les pelotons se mettent en place tandis que l'aumônier Kreutz les accompagne jusqu'aux poteaux. Dans le morne silence de cette fin d'après-midi du 7 juin 1944, mêlées au cliquetis des armes, s'élèvent soudain les mesures de la Marseillaise entonnée par de mâles voix partant au sacrifice suprême. Les soldats allemands, armes au pied, écoutent au garde-à-vous et le capitaine qui les commande ne peut s'empêcher de penser " qu'effectivement pour eux, le jour de gloire est arrivé, puisque le débarquement a eu lieu ". L'aumônier fait baiser la croix une dernière fois. Seul Paul Delécluse la refuse.

Le front haut, au moment où éclate le commandement guttural et avant que ne crépite la fusillade, s'élève le dernier cri du groupe de résistance Ascquois " Vive la France ". Il est 16 h 30 environ. Le crime est accompli.

Inhumés dans une fosse commune sur le lieu de l'exécution, leurs corps seront retrouvés en septembre 1944 mais ils ne furent malheureusement pas les derniers comme ils l'avaient pensé.

Le 23 juin 1944, en épilogue à l'affaire d'Ascq, le Cardinal Liénart recevait du général Bertram une lettre avec la communication du jugement et de l'article paru dans les journaux du 17 juin 1944.

1. Le capitaine allemand qui commandait le peloton fut présenté à Nathalis Dumez par le chanoine Détrez. En faisant cette réflexion, il croyait que les résistants n'étaient pas au courant du débarquement alors que dans l'après-midi du 6 juin 1944 ils avaient reçu la visite de leur famille. Ce même capitaine était persuadé d'ailleurs que l'exécution avait eu lieu le 6 juin et non le 7. Les familles leur ayant rendu visite dans l' après-midi du 6 et leur dernière lettre étant datée du 7, c'est bien le 7 Juin 1944 qu'ils furent fusillés.

OBERFELDKOMMANDANTUR (V) 670
Oberfeldkommandant

Lille, le 22 juin 1944

À

Son Éminence

Le Cardinal Achille Liénart Évêque de Lille

Lille

Objet : Affaire d'Ascq du 1er avril 1944 Pièces jointes : 1 jugement, 2 documents.

À Votre Éminence,

Je communique ci-joint à titre d'information le jugement du tribunal de guerre de la Feldkommandantur de Lille concernant l'attentat d'Ascq ainsi que des copies de communications de presse s'y rapportant.

J'avais l'intention de rendre à cette occasion à Votre Éminence sa visite du début avril. Par suite d'une maladie personnelle, je dois malheureusement renoncer pour quelque temps à cette intention.

Avec ma considération distinguée

De Votre Éminence le très dévoué
Bertram - Généralleutnant.

Les populations du Nord apprirent ainsi le 17 juin 1944 la conclusion de l'affaire d'Ascq sous la forme d'un avis suivi d'explications.

AVIS

Delécluse Paul Cheminot

Mangé Eugène Chauffeur

Gallois Henri Cheminot

Marga Louis Chef d'équipe à la S.N.C.F.

Monnet Raymond Cheminot

Depriester Daniel Cheminot

Cools Jeanne Employée

tous domiciliés à Ascq,

ont, par arrêt du conseil de guerre de la Feldkommandantur de Lille rendu à la date du 30 mai 1944, été condamnés à la peine de mort pour avoir entretenu des intelligences avec l'ennemi dans le but de favoriser ses entreprises, et pour avoir détenu des armes de guerre et des explosifs.

Les condamnés de sexe masculin ont été passés par les armes. L'exécution de la peine prononcée contre Jeanne Cools a été provisoirement suspendue.

Bertram
Generalleutnant

L'Oberfeldkommandantur de Lille communique ce qui suit :

" Dans un avis daté de ce jour ont été publiées la condamnation à la peine de mort d'une bande de terroristes et l'exécution du jugement. Les débats, qui ont eu lieu par-devant le conseil de guerre ont permis de faire la lumière complète sur l'attentat perpétré dans la nuit du ter au 2 avril 1944 contre un transport militaire allemand.

D'après l'enquête du tribunal et d'après leurs propres aveux, Delécluse, Gallois, Marga et Mangé se sont dès le mois d'octobre 1943 associés pour former un groupe terroriste, avec d'autres habitants de la commune d'Ascq, dont les noms sont connus et qui actuellement se trouvent en fuite ; en outre ils ont constitué un dépôt important d'armes de guerre et d'explosifs, dans le but de commettre une série d'actes criminels notamment les attentats du 25 mars, 29 mars et 1er avril contre les installations ferroviaires d'Ascq.

Dans chacun de ces cas les attentats ont été soigneusement préparés. Les auteurs ont à cette fin pris des renseignements exacts sur la cadence du passage des trains, renseignements qui leur ont été d'ailleurs donnés par le cheminot André Olivier tué lors des événements du 1er avril 1944 ; de même l'employé de la Mairie d'Ascq, Henri Leveaux, leur a indiqué l'horaire exact du service des patrouilles des gardes ferroviaires civils. Il s'est avéré que les attentats ont été commis sous la direction de Delécluse par lui-même, Gallois et Marga, tandis que Mangé et le cheminot Édouard Lelong, actuellement en fuite, armés de mitraillettes, faisaient le guet.

Les trois attentats commis à Ascq contre la voie ferrée et notamment contre le transport militaire allemand se sont donc nettement révélés comme étant des actes de sabotage et de terrorisme conçus à Ascq et perpétrés par des cheminots français.

Les terroristes condamnés Monnet et Depriester d'Ascq ont également pris part à des actes de sabotages.

L'employée Jeanne Cools entretenait dans la cave de son habitation le dépôt considérable d'armes de guerre et d'explosifs dont se servait la bande pour ses agissements criminels ; ce dépôt a d'ailleurs à son escient été complété par deux fois par des apports provenant du dehors.

En plus, il a été établi à l'audience qu'un nombre considérable d'habitants de la commune d'Ascq faisaient partie de mouvements de résistance. C'est ainsi que les condamnés ont, indépendamment l'un de l'autre, désigné plus de trente personnes, fusillées lors des événements du premier avril 1944 comme faisant partie de mouvements de résistance. Les organisations illégales d'Ascq doivent - comme le démontre la découverte du dépôt d'armes et d'explosifs - être tenues pour responsables des actes de sabotage et de terrorisme commis sur le territoire de la commune. "



12/01/2010
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