BAUDIER Marceau
BAUDIER Marceau
Mécanicien de route à HIRSON (02)
Date de naissance : 09 aout 1903
Lieu de naissance : Origny-en-Thiérache (02)
Date de décès : 14 mai 1945
Lieu de décès : SANDBOSTEL
Circonstances : Mort en Déportation, avant le rapatriement
Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :
Livre Mémorial de la FMD page 664 tome 2 http://jjthomas.canalblog.com/archives/2008/10/15/10957014.html Posté par jjthomas
Site Internet ADIF AISNE (Association des DÉportÉs InternÉs et Familles de DISPARUS)
http://www.adif-aisne.fr/spip.php?article57
« L'émotion de sa famille était palpable. Il est vrai qu'après guerre, Raymond Fischer, le Maire d'Hirson de l'époque, avait envisagé de donner le nom de Marceau Baudier à l'avenue des Champs-Elysées. « C'est avec un peu de retard que l'on honore ta mémoire, déclara Marcel Bouleau, adjoint au Maire honoraire et ancien cheminot, et tu as maintenant la possibilité de retrouver un terrain que tu as bien connu ».
Né le 9 août 1943 à Origny-en-Thiérache, Marceau Baudier entre en 1926 à
« Marceau trouvait naturel, explique Marcel Bouleau devant la plaque qui porte désormais le nom de ce Résistant, de faciliter l'évasion des hommes que l'on emmenait en Allemagne, parfois individuellement, parfois par wagon complet ». Certains étaient même hébergés chez lui, mais sur une dénonciation, le 23 février 1944, il est incarcéré à Saint-Quentin jusqu'au 10 mai 1944 puis au camp de Royalieu, à Compiègne qu'il quitte le 21 mai pour le camp d'extermination de Neuengamme, libéré par les Américains le 29 avril 1945.
Le 15 mai 1945, après de nombreux mois de souffrance, il décède au camp de Sandbostel où il fut inhumé. Avec la Mission française de recherches en Allemagne, René Burlot et son épouse ont obtenu le rapatriement de la dépouille et, le 29 avril 1958, Marceau Baudier a finalement retrouvé sa terre de Thiérache. Il est enterré au cimetière d'Hirson.
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TÉMOIGNAGE DE SON FILS YVES
AVEC NOS REMERCIEMENTS à l'ADIF Aisne (Association des DÉportÉs InternÉs et Familles de DISPARUS)
Yves BAUDIER, évoque ses souvenirs d'enfant relatifs à l'arrestation et à l'attente de la Libération de son Père, Déporté-Résistant. Il se souvient aussi du climat de guerre règnant à Hirson avant la Libération de la France. (Les hirsonnais pourront suivre le parcours du convoi funéraire dans les rues de leur ville, avec leurs anciennes appellations.)
Marceau B A U D I E R
De l'arrestation du 21 février 1944 à l'inauguration du 10 octobre 2008
J'étais jeune, je dirai, même, très jeune, mais il y a des faits marquants dans la vie, qui ne s'oublient pas.
Je crois que jusqu'à mon dernier souffle, je me souviendrai de cette fin d'après midi du 21 février 1944. En rentrant de l'école (à cette époque, l'école rue de la gare était fermée, nous allions à celle de la tannerie, rue du Prieuré), ma Mère, en pleurs, m'apprit que mon Père avait été arrêté par la gestapo et était interné rue de Guise. Elle me demanda d'aller lui dire au revoir, en me recommandant de me présenter poliment.
Je redescendais rue de Guise, franchissais le portail en fer,(juste avant la maison du Docteur Bodson, le radiologue).J'entrais dans un bureau au fond de la cour où je suis reçu par un homme, révolver au poing, je me présentais et demandais l'autorisation de voir mon Père. Il me désigna à l'aide de son révolver, un bureau au fond de la salle, où était assis à son bureau, un militaire avec son révolver à proximité. Sur la gauche, le long du mur, assis sur un banc, six ou sept hommes dont mon Père.
Après autorisation, je pus m'approcher de mon Père, mais au bout de 2 ou 3 minutes, en m'embrassant, il me dit : « Allez, rentre à la maison et sois sage ». Je ne savais pas alors, que ce n'était pas un « au revoir », mais un « adieu ».
Je ne comprenais pas cette situation, et les jours qui suivirent furent très angoissants. Nous avons subi une première perquisition : la maison fut cernée, un homme armé devant la porte d'entrée, un autre à la porte de derrière (il était passé par la ruelle) et trois, dans la maison, munis de mitraillettes. Pendant qu'ils questionnaient ma Mère, ils nous avaient mis en joue, ma mère à la hauteur de la poitrine, moi de la tête, et ma petite sœur (qui avait à peine 2 ans !!), en direction plongeante, compte tenu de sa petite taille. Le lendemain …. je retournais à l'école, aucune excuse spéciale pour une telle terreur.... ;(Aujourd'hui, j'aurais un congé de maladie pour choc psychologique......)
Et jusque fin mars, nous avons dû subir, dans les mêmes conditions, trois autres perquisitions !!!
Dès le 22 février, mon Père a été interné à la prison de Saint-Quentin, où ma Mère se rendait une fois par semaine pour apporter du linge de rechange et échanger une petite correspondance dissimulée dans les cols de chemises, dans les coutures de vêtements. Elle parcourait la distance d'Hirson à Saint-Quentin (
Pendant ces déplacements, nous -ma sœur et moi- étions surveillés par une de nos tantes. Je me souviens qu'au cours d'une de ces surveillances, le 6 mars 1944 peu après 13 h, je suis sorti pour regarder les avions qui survolaient Hirson en grand nombre, et j'ai appelé ma Tante : « viens voir, ils lancent des ballons », la réponse fut brève : « rentre, ils bombardent » C'était l'heure de la reprise du travail. Il y eut de nombreux morts, les installations du dépôt et de la gare, qui étaient visées, furent détruites. Trois autres bombardements, un par semaine jusqu'à fin mars, furent aussi destructeurs.
De la prison de Saint-Quentin, mon Père a ensuite été dirigé vers le camp de Royallieu-Compiègne. Par la suite, nous avons appris que de ce camp, le 21 mai 1944, lui et de nombreux camarades, avaient été transférés, entassés dans des wagons à bestiaux, vers le camp d'extermination de Neuengamme, où ils sont arrivés le 24 mai suivant. Là, ils n'étaient plus que des numéros, celui de mon Père était le n° 31657.
La guerre tirait à sa fin. Nous étions toujours sans nouvelles. Tous ceux, qui ont vécu cette attente intolérable, peuvent comprendre, car nous savions que les libérateurs avaient trouvé dans les camps : des survivants décharnés, des fours crématoires, des monceaux de cadavres qui n'avaient pas eu le temps d'être détruits, des charniers,.....
Enfin, début mai 1945, nous avons reçu une lettre nous annonçant la libération de mon Père, mais aussi son hospitalisation à SANDBOSTEL et son retour prochain en France.
Hélas la joie fut de courte durée, nous avons ensuite appris son décès survenu le 20 mai 1945.
Ma Mère, ayant toujours l'espoir que l'on ramène son corps, refusait le service funéraire posthume. Elle dut cependant l'accepter, sur l'insistance des autorités qui voulaient inaugurer les différents Monuments, Stèles et Plaques où figurait le nom de mon Père. Ce service eut donc lieu le mercredi 6 octobre 1947 à 11 heures, en l'église Notre Dame de Lourdes à Hirson.
Peu de temps après, la Municipalité d'Hirson, avec l'appui de Monsieur René BURLOT proposait de débaptiser l'Avenue des Champs Elysées, qui se trouve près de la cité du même nom, pour
Les années passèrent, jusqu'au jour où Monsieur René BURLOT, (ancien Déporté de Neuengamme, rescapé de la Baie de Lubeck), qui s'acharnait pour retrouver la trace des Disparus, nous a fait savoir que le corps de mon Père avait été retrouvé, reconnu avec certitude et qu'il allait être rapatrié. Nous étions en mars 1958. Après 13 ans, nouveau choc !!
Le samedi 26 avril 1958, au début de l'après-midi, un camion militaire ramenait le corps de mon Père, qui, considéré comme militaire, devait être déposé à
Le mardi 29 avril suivant, les funérailles eurent lieu à 14 heures 30. Le convoi remonta l'Avenue des Champs Elysées, prit
Pour remuer à nouveau le couteau dans la plaie, (j'espère que c'est la dernière fois), il a été décidé, que le 10 octobre 2008, en même temps que la nouvelle « pénétrante », seraient inaugurées, à Hirson, trois autres rues, dont la rue MarceauBAUDIER, qui se situe sur l'emplacement de l'ancien triangle de retournement des locomotives. Emplacement prédestiné pour conserver la mémoire d'un ancien cheminot « mécanicien de route »
le 24 avril 2009 Yves BAUDIER
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