RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

WAROQUIER Claude

WAROQUIER Claude

 

 

Ouvrier d’entretien à PERSAN-BEAUMONT

 

Date de naissance : 25 août 1923

Lieu de naissance : CALAIS (62)

Date de décès : 6 octobre 1943

Lieu de décès : SURESNES – MONT VALERIEN (92)

Circonstances : Fusillé

 

 

Méthode de recherche Rail et Mémoire pour cette notice :

 

DVD-Rom « La Résistance en Ile-de-France », Collection AERI (2004) – Commentaire réalisé par le Comité du Souvenir des fusillés du Palais-Bourbon et de la Maison de la Chimie

 

 

Claude WAROCQUIER naît le 25 août 1923 à Calais. Son père, Louis, est employé à la SNCF. Aîné d'une famille de trois enfants, Claude reçoit une éducation catholique. A quinze ans, il adhère à la Jeunesse ouvrière chrétienne. Il entre très tôt en Résistance. Vers juin 1940, avec ses amis jocistes, il aide des soldats et des officiers belges, bloqués à Calais, à fuir les Allemands en leur fournissant des vêtements civils. Par la suite, il transmet à l'un de ces officiers, Edmond DEGRAVE, commandant du port de Gand, des renseignements sur les forces allemandes et leurs installations dans les chantiers navals de Calais, Boulogne et Dunkerque.
Enthousiasmé par les appels du général De GAULLE, il fait part à sa mère de son intention de gagner Londres, mais, en octobre, son père obtient un poste à la gare de triage de La Chapelle, à Paris, grâce à des amis cheminots. La famille saisit cette opportunité de quitter la zone interdite et s'installe bientôt dans un petit pavillon à Groslay, en Seine-et-Oise. Claude WAROCQUIER trouve un emploi chez un riche propriétaire terrien, avant d'être embauché, en 1942, comme ouvrier d'entretien à la Gare de Persan-Beaumont. Toujours animé par l'esprit de résistance, il dessine, à l'été 1941, des croix de Lorraine sur les murs de Groslay. Avec sa sœur, Madeleine, il participe à des réunions aux accents très patriotiques, tenues par les jocistes locaux autour de l'abbé PATOUEILLE, curé de la paroisse de Saint-Vincent-de-Paul. Lors d'une rencontre départementale de la JOC à Marly-le-Roy, il a une altercation avec des jeunes recrues de la Légion des Volontaires français contre le Bolchevisme.
En novembre 1942, il assiste à un rassemblement régional de l'organisation chrétienne à la Mutualité de Paris. Initiée par l'un des fondateurs de la JOC, le chanoine belge CARDIJN, la manifestation commence par une Marseillaise entonnée en cœur par l'assistance, malgré la présence des forces de l'ordre vichystes.
A cette époque, Claude WAROCQUIER et ses camarades jocistes de Groslay sont en contact avec le mouvement Valmy. On ne connaît guère leurs activités, sinon qu'ils entreposent des armes dans une cache creusée sous le presbytère de Saint-Vincent-de-Paul. L'abbé PATOUEILLE est probablement complice.
En avril 1943, Claude quitte, sans prévenir, le domicile familial. Il laisse une lettre qui dévoile ses intentions : "Lorsque vous lirez ces lignes, je serai sans doute très loin. Je pars faire mon devoir". Selon sa sœur, il cherchait une filière pour l'Angleterre. Une seconde lettre, reçue mi-août par la famille, laisse entrevoir l'échec de ses tentatives. Elle précise pourtant "tout va bien dans mon nouveau travail". En effet, le jeune homme vient d'intégrer le groupe FTPF "Jean Jaurès". Cette unité opère dans la banlieue nord de Paris. Elle deviendra, en février 1944, la Compagnie "Commune de Paris". Divisée en quatre détachements ("Meunier", "Timbaud", "Cariou" et "Vachette"), elle participera aux combats pour la Libération sous la direction du commandant "Dives Gourget".
Par convictions religieuses, Claude WAROCQUIER refuse de tuer des Allemands. En revanche, il participe à des sabotages, sur les voies ferrées de la région mantaise par exemple. Le 11 septembre 1943, il est arrêté par la gendarmerie à Montreuil-sous-Bois au retour d'une mission réussie contre la centrale électrique de Chelles. Il est ensuite livré à la torture des Brigades spéciales, puis à la Gestapo. Un rapport des Renseignements généraux précise les faits suivants : "Arrestation de deux membres de l'organisation spéciale terroriste, les nommés : WAROCQUIER Claude, né le 25 août 1923 à Calais, trouvé porteur d'un marteau et d'un poignard. Membre des FTP, sous le pseudonyme d' "Edmond'', matricule 4116, celui-ci a reconnu avoir participé à plusieurs attentats contre des militaires allemands en vue de leur dérober leurs armes, avoir tenté d'incendier une scierie travaillant pour le compte des Autorités d'occupation, sise 102, rue Edouard Vaillant, à Bondy, et avoir participé à une tentative d'attaque à main armée, le 10 septembre 1943, contre un bureau de tabac, à Vaujours. CORRE Pierre, né le 28 novembre 1925 à Groslay". L'arrestation simultanée de deux habitants de Groslay pose question. Après le démantèlement du mouvement Valmy, les jocistes de la commune n'auraient-ils pas rejoint en groupe les rangs des FTPF ?
Claude WAROCQUIER est ensuite interné à Fresnes. Le 1er octobre 1943, il est jugé par un tribunal militaire allemand et condamné à mort, sans avoir eu droit à un avocat. Il est fusillé cinq jours plus tard au Mont-Valérien, avec 29 autres résistants, parmi lesquels les FTPF Louis WALLE et Pierre LAMANDE. Les autorités allemandes ne préviennent la famille que le 10 du même mois et refusent de lui communiquer le lieu d'inhumation. Cette attitude, pratiquée à l'égard de toutes les familles de fusillés, a pour but d'empêcher que les sépultures deviennent des lieux de rassemblements germanophobes. Bernadette WAROCQUIER, la mère de Claude, fait donc le tour des cimetières parisiens. Ces recherches la conduisent à Ivry. Le conservateur du cimetière communal, enfreignant l'interdit imposé par l'occupant, lui indique l'emplacement du corps. Lors d'une visite sur la tombe, Bernadette WAROCQUIER rencontre Marie-Hélène LEFAUCHEUX, responsable du service social de l'OCM, qui procure aide matérielle et morale aux victimes de la répression et à leurs familles. Les époux WAROCQUIER reçoivent aussi deux messages de soutien adressés par le général de Gaulle aux familles de fusillés à la Noël 1943.
A la Libération, ils entreprennent de donner à leur enfant des obsèques officielles dans sa ville natale. Lors de l'exhumation du corps, en novembre 1944, ils découvrent une pancarte accrochée sur la chemise de leur fils sur laquelle les bourreaux avaient écrit : "Nous avons été obligés de le fusiller pour que vive le Grand Reich !". Le 5 octobre 1953, Claude WAROCQUIER se voit attribuer, à titre posthume, le grade de sergent, la Croix de Guerre avec palme et la Médaille de la Résistance. Une rue de Groslay porte son nom.


[Musée de la Résistance nationale, fonds Warocquier.
Archives de la Préfecture de Police, rapports hebdomadaires sur la répression des menées communistes (12 juillet 43 au 3 janvier 1944. Carton 15).
Marie Cadras, Les Enfants de la Tourmente, Graphein, 1995.
Guy Krivopissko, La Vie à en mourir. Lettres de Fusillés (1941-1944), Paris, Editions Tallandier, 2003.
Jocistes dans la tourmente, Paris, Editions du Témoignage chrétien-Editions ouvrières, 1989.

Revue Châteaubriant. ]



11/01/2009
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