RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

CAMPHIN Paul

CAMPHIN Paul

 

Frère de Maurice (cliquez)       

 

Cheminot

 

Date de naissance : 01 fevrier 1922

Lieu de naissance :   ARRAS (62)       

Date de décès : 01 Novembre 1943

Lieu de décès : ARRAS

Circonstances : Fusillé

 

 

 

Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette fiche

 

Relevé Monument aux Morts de la gare de ARRAS

Site Internet  « EDC » ;  http://edechambost.ifrance.com/ 

La direction du PCF dans la clandestinité (1941-44) "Les Cyclistes du Hurepoix"de  Emmanuel de Chambost, Edition: L'Harmattan, 1997, collection "Mémoires du XXe siècle"                                                

site de   www.gerard.delatour.freesurf.fr/                                                                                       Mémorial gen web http://www.memorial-genweb.org/~memorial2/

Dictionnaire Cheminots engagés

https://railetmemoire.blog4ever.com/blog/lirarticle-203016-771697.html

 

 

 

plaque ARRAS détail

pour plaque en entier

https://railetmemoire.blog4ever.com/blog/lirarticle-203016-793139.html

 

« Lorsque le CMN dut se séparer d'Eugène Hénaff , en février 43, le poste vacant ainsi créé fut attribué par Lecoeur à son ami René Camphin , un typographe de 30 ans, originaire de la région d'Arras. Elevé par ses parents dans la tradition du mouvement ouvrier, il militait depuis 1936, avec Lecoeur, dans la fédération du Pas-de-Calais dont il était un dirigeant dés 1938.                                                                 Dans cette région particulièrement combattive, René Camphin avait opté de bonne heure pour l'action armée. Ses deux jeunes frères tôt engagés également dans les bataillons de la jeunesse, furent arrêtés, torturés et fusillés avant la fin 43. »

 

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A mon grand Parti communiste,

Dans quelques jours, mes camarades et moi allons partir pour le poteau d'exécution. J'irai la tête haute, avec la satisfaction du devoir accompli et la conscience d'avoir été envers toi, mon cher parti, un militant fidèle. Membre des Jeunesses communistes depuis 1937, aidé et conseillé par mon frère René, à qui je rendrai un suprême hommage, je devins secrétaire du rayon des jeunes. Puis survint la guerre; engagé volontaire, je restai un an sous les drapeaux et, le honteux armistice signé, je revins à Arras auprès de mes camarades, continuer le combat.

En mars 1942, j'entrai dans les Francs-Tireurs Partisans, avec mon frère Maurice qui devait mourir héroïquement le 11 mars 1943, sous les balles allemandes, après avoir subi de longs mois de détention et de souffrances.

En avril 1942, je passai dans l'illégalité et, le 24 octobre 1942, je fus blessé et arrêté à Hellemmes par neuf policiers français et trois allemands. Il était à ce moment neuf heures du soir ; la maison où je me trouvais fut cernée, les policiers me sommèrent de me rendre, j'essayai de fuir; le policier français Delannoy de Lille (Brigade spéciale), déchargea à trois reprises son revolver. Atteint d'une balle dans la cuisse et d'une dans le genou, je fus pris par ces policiers qui osent se dire Français. Je fus emmené au commissariat central de Lille; là, Jusqu'à huit heures du matin, ces policiers une torturèrent : je fus frappé de coups de poing, de coups matraque sur tout le corps; le commissaire central Rochat me frappa lui-même de coups de pied au visage, étant couché sur deux chaises et perdant le sang en abondance (le chirurgien déclara qu'il fallait de suite m'emmener à l'hôpital). Les tortures continuèrent de plus belle.

Je n'avouai mon nom qu'à cinq heures de matin après avoir subi la pire des tortures; ces policiers me mirent les parties sexuelles sur la chaise et appuyèrent dessus avec les mains, ils utilisèrent à nouveau ce procédé pour me faire avouer et donner un rendez-vous avec les cama­rades, mais je déclarai ne pas connaître ces copains et ne pas avoir de rendez-vous. Enfin, le 25 octobre 1942, à onze heures, je fus trans­porté à l'hôpital Saint-Sauveur dans un état de faiblesse extrême; je restai six jours dans le coma, ayant subi des opérations au genou. J'étais gardé nuit et jour par quatre inspecteurs armés, bien que je fusse plâtré jusqu'à la poitrine; je remercie ici la sœur qui me soigna, les malades de la salle Henri-Follet, pour les douceurs qu'ils me procurèrent.

Le 12 novembre 1942, je fus transporté à l'hô­pital allemand (Calmette) où je restai trois mois et demi. De là, je fus transféré au bagne de Loos où j'arrivai le 28 février. Huit jours après, j'étais interrogé; suspendu par les poignets pen­dant cinq heures, je servais de punching-ball aux barbares qui servaient d'instructeurs. Une autre fois, je fus lié et couché sur trois barreaux éle­vés à cinquante centimètres du sol, l'un aux pieds, l'autre aux reins, l'autre à la tête. J'y res­tai trois heures. A d'autres interrogatoires, on me mit le casque électrique, étant toujours frappé au nerf de bœuf avec une sauvagerie inouïe (mon dos est tout strié de cicatrices). Ils me laissèrent quatre jours sans manger et ils me mon­traient la gamelle. Malgré ces tortures, je n'ai pas donné un camarade, je n'en ai pas reconnu un seul et j'ai toujours nié ce qui m'était reproché. Je reçus quatre colis, mais je me trouvais toujours seul en cellule; je fus deux mois et demi sans aller en promenade.

Le 28 juillet 1943, je quittai l'enfer de Loos et arrivai le soir même à Arras; là, je fus remis en cellule, mes colis furent supprimés, les tortu­res et l'interrogatoire recommencèrent. Je niai les actes que l'on me reprochait, mais les terro­ristes instructeurs glissèrent des faux dans le dossier (je devais m'en apercevoir au tribunal). Enfin, l'on me mit clans une chambre commune; j'avais été plus de sept mois seul en cellule, tour­menté par la faim, par mes blessures, mais ma gaieté et mon moral n'avaient pas disparu.

Le 6 octobre 1943, un tribunal d'opérette - il fallut réveiller notre avocat pour plaider - nous condamna à mort à cinq, parmi lesquels mon vaillant camarade Georges Louchet qui fut pour moi un père. Malgré tout, je continuais de rire et de chanter, je reste communiste fran­çais jusqu'au bout, je ne regrette rien, sauf de ne pas en avoir fait assez; si je devais recommen­cer ma vie, je la recommencerai pareille à la première. Je suis fier de toi, mon grand Parti communiste, fier de tes militants intègres qui meurent chaque jour sans avoir renseigné l'ennemi. Je partirai au poteau en chantant la Mar­seillaise et l'Internationale, la joie au cœur de voir ces hordes teutonnes reculer sous les coups de la vaillante Armée Rouge, de voir la résistance de notre pays, de voir mon parti plus fort que jamais. Cela ne me fait rien de mourir, je sais que mes camarades et moi seront vengés, chaque jour les traîtres et les soudards tombent sous les balles des Francs-Tireurs. Beaucoup d'entre nous sont morts ; je salue ici ces héros de la libération, parmi lesquels Julien Hapiot, à qui l'on offrit de fortes sommes pour trahir, Charles Debarge, Augustin Lombaerts, Jules Dumont, Armand Pillard, mort devant moi par suite des coups reçus - il fut laissé étendu sur le sol pendant deux jours - son frère Maurice, et combien d'autres encore.

Jeunes Français, souvenez-vous de ces héros; leurs noms resteront synonymes de courage et d'honneur. D'autres camarades comme moi atten­dent avec calme le dernier moment. Parmi eux se trouvent George Louchet, Georges Santerne et deux camarades gaullistes. Jeunes communis­tes, Français, Francs-Tireurs, n'ayez aucune défaillance, ne vous laissez pas abattre, que le souffle du patriotisme et de la liberté qui nous anima reste chez vous plus vif que jamais, chas­sez l'ennemi du pays, frappez les traîtres, soyez sans pitié.

Il ne faut pas nous pleurer, mais élever tou­jours plus haut le drapeau du combat; vous nous vengerez, camarades. Honneur à vous tous qui nous avez suivis; ceux qui sont morts et ceux qui vont mourir vous disent merci.

Je vais bientôt quitter ma petite vie de vingt et un ans pour que les enfants de France soient libres et heureux; je n'ai pas trahi la cause de mon parti, je pars le sourire aux lèvres, la chan­son à la bouche; la mort ne me fait pas peur.

Adieu, camarades Francs-Tireurs! Adieu, Jeu­nes communistes! Adieu, mon beau parti! Adieu, mon beau pays! Celui qui va mourir vous salue.

Vive le Parti communiste!

Vive la France!

Paul CAMPHIN. »

 

Né en 1922. Dirigeant de la Jeunesse communiste dans le Pas-de-Calais. Engagé dans la Résistance le 21 octobre 1940. Arrêté le 24 octobre 1942. Fusillé le 1er novembre 1943.

 

Dans le site de   www.gerard.delatour.freesurf.fr/

 

 

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CAMPHIN Paul.

Né le 1er février 1922 à Arras (Pas-de-Calais), fusillé par les Allemands à

Arras le 1er novembre 1943 ; résistant ; cheminot communiste d'Arras.

Paul Camphin était le frère de René Camphin*. Ce fut ce dernier qui l'incita à adhérer aux Jeunesses communistes, en 1935, alors qu'il n'avait que treize ans. Employé à la SNCF, il seconda son frère à la tête du rayon communiste d'Arras jusqu'en 1939 ; secrétaire de la cellule locale des JC en 1938, il était, dès l'année suivante, nommé responsable des Jeunesses pour l'ensemble du rayon.

Passé à la clandestinité en 1940, aux côtés de Charles Debarge, Paul Camphin joua un rôle important dans la mise en place des FTP dans le Nord de la France, en tant qu'adjoint du colonel Dumont. Arrêté par des policiers français et allemands à Hellemmes (Nord), le 24 octobre 1942, il fut atrocement torturé par les policiers vichystes, à Lille, puis à la Centrale de Loos où il avait été transféré en février 1943.

Condamné à la peine de mort le 6 octobre 1943, Paul Camphin fut fusillé à Arras, le 1er novembre 1943, par des soldats de la Wehrmacht. Son frère Maurice avait subi le même sort quelques mois plus tôt.

SOURCES : Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5221. — Lettres des Fusillés, op. cit.,

1958. — Jean-Marie Fossier, op. cit.

Yves Le Maner



20/05/2008
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