CLEMENT Ernest
CLEMENT Ernest
Chef de Trains à PARIS LYON (75)
Date de naissance : 13fevrier 1902
Lieu de naissance : CERDON (45)
Date de décès : 19 février 1943 ?
Lieu de décès : AUSCHWITZ BIRKENAU
Circonstances : Mort en Déportation
Adresse : 18 rue Villebois-Mareuil à Villeneuve-Saint-Georges (94).
Enregistré a AUSCHWITZ sous le matricule 45373
Voir CLEMENT Eugène son frère.
Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :
Source : journal « notre métier » numéro 82 du 29 novembre 1946
Mémoire Vive
Domicilié à Villeneuve saint Georges Val de Marne 94190
Chef de trains Paris Lyon, Région Sud-est
Arrêté le 15 10 40
Compiègne déporté le 6-7-42 Auschwitz
Décédé le 19 février 1943 ?
Notice Mémoire Vive
Ernest CLÉMENT
45373
Né le 13 février 1902 à Cerdon (Loiret - 45).
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 18 rue Villebois-Mareuil à Villeneuve-Saint-Georges* (Val-de-Marne - 94). Marié, il a deux enfants : Hubert et Guy.
Cheminot, il est chef de train à la gare de Lyon, à Paris (12e).
Comme son frère Eugène, il est membre du syndicat des cheminots et militant du Parti communiste
En décembre 1939, tous les deux sont arrêtés pour « reconstitution du Parti communiste dissous » et emprisonnés à la Santé, à Paris. Le 27 décembre, la direction de la SNCF leur fait savoir qu'ils sont suspendus sans traitement (cartes de circulation du chemin de fer retirées le 5 janvier 1940). Puis, le 18 janvier, il reçoivent une note les prévenant que leur suspension est changée en « absence illégale ». Le 23 février 1940, Ernest Clément reçoit la visite de son avocat, Maître Letrange, qui lui annonce que le juge d'instruction a prononcé un non-lieu. (Supposé libéré…)
Le 15 octobre 1940, il est arrêté par la police française, lors de la grande rafle anticommuniste décidée par la préfecture de la Seine - aux ordres du gouvernement de Vichy et avec l'approbation de l'occupant - qui entraîne l'internement administratif de nombreux élus et militants de la région parisienne au centre de séjour surveillé d'Aincourt (Val-d'Oise - 95), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d'un sanatorium isolé en forêt. Son frère l'y rejoint. Le 10 novembre, Ernest Clément écrit à son épouse : « Il est arrivé plus de soixante copains dont un Villeneuvois, Henri Jevaudan, employé communal. Nous sommes plus de cinq cents ». Il s'inquiète et s'informe si ses enfants ont été vaccinés contre la diphtérie. « Ce soir je vais coucher avec vous trois à côté de moi. Marcel (son frère) m'a fait un cadre dans lequel j'ai mis une photo de vous ».
Le 27 juin 1941, il fait partie d'un groupe de 88 internés remis aux "autorités d'occupation" à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise - 60), Frontstalag 122 - Polizeihaftlager, gardé par la Wehrmacht.
Entre fin avril et fin juin 1942, lui et son frère sont sélectionnés avec plus d'un millier d'otages désignés comme communistes et une cinquantaine d'otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l'armée allemande (en application d'un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l'aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare
de Compiegne et entassés dans des wagons de marchandises.Le train part
une fois les portes verrouillées à 9h30. Le voyage dur 2 jours . N etant pas
ravitaillées en eau les déportés souffrent principalement de la soif
Le 8 juillet 1942, Ernest Clément est enregistré au camp souche d'Auschwiz (Auschwitz-I) sous le numéro 45373 (sa photo d'immatriculation a été retrouvée et identifiée**). Après l'enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit. Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont assignés aux Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l'appel général et un interrogatoire individualisé, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.
Le 13 juillet - après les cinq premiers jours passés par l'ensemble des "45000" à Birkenau - Ernest Clément est, avec son frère, dans la moitié du convoi qui reste dans ce camp en construction choisi pour mettre en œuvre la "solution finale" (contexte plus meurtrier).
Son frère Eugène y meurt le premier, le 15 août 1942.
Ernest Clément meurt à Birkenau le 19 février 1943, selon les registres du camp. Dans une lettre adressée à la veuve de Paul Faurie, Eugène Garnier raconte les conditions dans lesquelles il a disparu : « Paul Faurie, Roger Bonnifet et l'un des frères Clément (Ernest) ont été tous les trois pris dans une sélection et destinés à passer à la chambre à gaz***. (...) Ils ont été emmenés en camion et tous trois chantaient de toutes leurs forces La Marseillaise. Cet évènement a fait beaucoup de bruit dans le camp de Birkenau où il eut lieu, aussi bien que dans le camp (principal) d'Auschwitz où les SS eux-mêmes furent ébranlés par l'héroïsme de nos camarades. D'ailleurs, quand nous avons été libérés par l'Armée rouge, nous avons fait (André Faudry de Saint-Maur et moi) un rapport à la Commission d'enquête soviétique dans lequel nous avons cité cet évènement. »
Après la guerre, le conseil municipal de Villeneuve-Saint-Georges à donné le nom des frères Clément à une petite rue située près de la gare de triage.
Sources :
- Archives départementales du (Val-d'Oise - 95).
- Jean-Marie Castel et Raymond Juret, Les Villeneuvois et les Villeneuvoises sous l'occupation, 1940-1944, Desbouis Grésil - imprimeur, Montgeron (91), décembre 1990, pages 152 à 154.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6
juillet1942
- éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 389 et 399.
- Death Books from Auschwitz, Musée d'État d'Auschwitz-Birkenau, 1995 ; relevé
des registres ( incomplets )d acte de décès du camp d Auschwitz dans lesquels a été
inscrit,du 27 juillet 1941au 31 décembre1943, la mort de 68864 détenus immatriculés
dans le camp( sans indication du numero attribué)
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* Jusqu'à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).
** Sa photographie d'immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d'identification organisée à l'Amicale d'Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin "Après Auschwitz", n°21 de mai-juin 1948).
*** Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l'extermination des Juifs dans le cadre de la "Solution finale", mais, jusqu'en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme "inaptes au travail".
Mémoire Vive
(Dernière mise à jour, le 10-12-2006)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire
fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à
corrige les erreurs qui auraient pu s'y glisser et/ou à la compléter avec les
informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald,
documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
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