RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

DESMETTRE Gaston

DESMETTRE Gaston

 

Chef de District à HELLEMMES (59)

 

Date de naissance : xx xx 1899

Lieu de naissance : Inconnu  

Date de décès : 01 avril 1944

Lieu de décès : ASCQ  (59)

Circonstances : Fusillé

 

Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette notice : 

 

Relevé de la plaque d’HELLEMMES

Site INTERNET  http://beaucoudray.free.fr/ascq05.htm

Site INTERNET  http://www.ajpn.org/commune-Villeneuve-d'Ascq-59009.html

Notre Métier Juillet 1946

 

     

Ascq ! Terre de Martyrs.

 

Photo source Wikipédia

 

Ce nom sonne comme un glas dans le cœur des Français depuis que cette douce commune, si accueillante. a été le théâtre d'une sanglante hécatombe.

Le drame n'est pas d'aujourd'hui : il remonte à la nuit du 1er au 2 avril. Les auteurs sont des nazis, des Waffen S. S Adolph Hitler - des chemises brunes comme on les a surnommés.

La propagande allemande aurait bien voulu cacher la vérité au peuple de chez nous. Elle rejeta même la responsabilité du drame sur la population civile d'Ascq et le général Bertram n'hésita pas à affirmer que les S S. n'avaient fait que se défendre !...

C'est une habitude, pour l'assassin, de mentir pour tenter d'atténuer l'ignominie de son crime... quand ce n'est pas pour s'en justifier.

La Croix du Nord qui n'a pas fourni à l'envahisseur le moyen ni l'occasion d'esquisser sa défense et par répercussion d'insulter la mémoire de ses victimes, La Croix du Nord - dis-je - se devait, dès sa reparution, d'exposer le fait d'Ascq.

Écrite en lettres de sang, cette page en révèlera toute l'ignominie.

Lisons-là Elle est le résumé fidèle des multiples témoignages que nous avons recueillis.

Dans le calme de la nuit

La nuit du 1er au 2 avril était calme. Vers 22 h. 30, le cinéma Rex, Place de l'Eglise, venait de fermer ses portes et les spectateurs rentraient paisiblement chez eux quand, peu après, un bruit d'explosion retentit.

Oh, le bruit n'était pas assourdissant. Il ressemblait à ce-lui d'un pétard, tous ceux qui l'entendirent sont formels pour le dire.

Peut-être s'agit-il d'un signal donné sur la voie, en gare à un mécanicien pour l'inviter à arrêter son convoi, pensaient certains ?

La réalité était différente.

Que s'était-il passé

Au point kilométrique 7/530,

sur la ligne Lille-Tournai, une explosion s'était produite au passage d'un train de troupe et deux rails avaient été coupés, provoquant le déraillement de 3 wagons.

L'accident ne présentait aucun caractère de gravité. Il se limitait à quelques dégâts matériels qu'il eût été facile de réparer.

Seule la voie était endommagée. Les wagons étaient intacts.

Sans perdre une minute les cheminots de service en gare étaient accourus pour prendre les mesures de sécurité qui s'imposaient : fermeture de la voie et alerte du poste de secours peur

la remise sur rails des wagons qui en étaient sortis ; organisation ensuite du pilotage sur la voie un:que Pour diriger le convoi vers sa destination. En même temps, ils alertaient les services allemands de Lille Zugleitung. Pendant ces allées et venues, les soldats allemands qui .se trouvaient dans les premiers wagons ayant échappé au déraillement étaient calmes...

Le calme précédait la tempête - et quelle tempête ! Il ne la laissait point présager !

Deux employés de la gare. MM. Derache et Ollivier conversèrent même avec quelques-uns de ces soldats...

 

 

Et M. 0livier - qui devait bientôt être battu par eux poussa même l'obligeance jusqu'à ramasser la gamelle qu'un homme avait laissé tomber sur le ballast et la lui remit !

Braves cheminots, dont la vie à chaque instant côtoyait le péril. Ils allaient supporter les premiers coups des représailles qui mûrissaient dans l'esprit de quelques fanatiques haineux.

L'holocauste devait commencer vers 23 h 15 pour se prolonger pendant environ deux heures.

Des hommes. des jeunes gens - des adolescents même encore endormis, devaient être arrachés à leur sommeil atour être presque aussitôt plongés dans leur éternité.

- Ascq s'engageait sur le chemin du calvaire.

Dans la petite gare. le personnel était affairé autour de son chef, M. Carré : il s'agissait de régler l'incident et de rétablir, au plus têt la libre circulation des trains sur la ligne.

Soudain, des coups de feu claquèrent ; ils semblaient provenir de la place de la Gare.

Leur bruit se rapprochait...

Quelques minutes plus tard, un officier et plusieurs soldats allemands pénétraient dans la salle d'attente de la gare et surgissaient dans le bureau, en vociférant.. après en avoir brisé la porte. Deux cheminots allemand - ils faisaient partie du personnel du train - attendaient dans la place.

Pressentant, sans doute, ce qui allait se passer, ils jugèrent prudent de déguerpir, sur le champ.

Une volée de coups... et la mitraillette fonctionne

M Carré devait, le premier, être attaqué. C'est l'officier qui donna le branle-bas de combat. Il se jeta sur lui comme une brute et lui administra une volée de coups de poings et de pieds. À défaut de matraque, une chaise en remplit l'office. Assommé. M. Carré s'écroula.

La fureur nazie se tourna immédiatement vers M. Derache.

À son tour, il fut projeté par terre. Pantelants, ils gisaient tous deux au pied de leur table de travail, mais l'agression n'était pas achevée. elle allait prendre en caractère plus tragique. D'une voix gutturale, l'officier intima l'ordre à l'un de ses soldats de tire rune rafale de sa mitraillette sur MM. Carré et Derache.

Le S.S. pressa sur la gâchette... M. Derache fut épargné miraculeusement. Par contre, M. Carré fut atteint. Une balle pénétra en séton dans la cuisse gauche... Les autres balles ricochèrent et se perdirent dans le bureau. Pendant plus d'une heure, le chef de gare d'Ascq allait devoir attendre les soins d'un docteur...

Dans le village le carnage commençait...

Le concours des S.S. qui venait de se faire la main en gare n'était pas de trop ; ils regagnèrent la place puis s'éparpillèrent dans les rues...

Courage et oubli de soi

Ne quittons pas la gare. Il nous reste à suivre les actes émouvants de courage et d'abnégation accomplis par les cheminots encore sous l'emprise de l'épouvante.

La réaction sera vive ; aussi vive que l'agression avait été imprévue.

M Derache, qui s'en tirait avec des plaies et bosses, songea aussitôt à secourir son chef. La balle avait provoqué une abondante hémorragie qu'il importait, avant tout, d'arrêter.

L'espoir d'un secours de l'extérieur n'était pas permis. La fusillade crépitait et le miaulement des balles se confondait avec les cris rageurs d'une soldatesque déchaînée et le bruit des crosses qui brisaient portes et fenêtres dans les parages.

Une ressource subsistait : la boite de secours !

Hélas ! Pour la prendre, il ballait sortir du bureau et se rendre dans un autre local : c'était la mort quasi certaine. M. Derache n'est pas homme à court de décision. Le fil d'une fiche téléphonique lui servira de garrot. C'est avec ce moyen de fortune que l'hémorragie, qui pouvait être fatale pour M. Carré, fut arrêtée.

Vers 1 h 30 du matin, le 2 avril, M. le docteur Delezenne pouvait enfin prodiguer des soins au chef de gare et assurer son transport à l'hôpital.

L'alarme est donnée

Suivons M Derache. Son rôle doit être connu.

Alors que le drame commençait, le brave homme se mit en liaison téléphonique avec eues chefs Il les informa de ses appréhensions... C'est que les coups de feu claquaient de partout.

Grâce à lui, en dépit de toutes les difficultés qui surgissaient dans ces communications de nuit, les autorités publiques furent informées que des faits étranges se déroulaient sur le territoire d'Ascq.

Dans un sursaut d'énergie, soulageant comme il le pouvait les souffrances de M. Carré, M. Derache gardait le contact avec ses supérieurs.

À Lille, on se préoccupait avec célérité de provoquer une intervention sur place du commandement allemand : tous les efforts convergeaient vers le même but : mettre un terme à la furie nazie...

Malheureusement, d'affreux ravages étaient exercés par les Waffen S S. dans la population masculine !

A la pointe du jour, on allait en apprécier l'horreur et l'étendue.

L'un des premiers, M. 0livier, l'aiguilleur, tomba sous les balles allemandes.

Après avoir assuré la protection du convoi par la mise en place des signaux, M. 0liivier avait regagné son poste, dans la cabine d'aiguillage.

C'est là que les,S.S. vinrent se saisir de lui pour le traîner jusqu'au lieu de son exécution.

Il semble même que leur fureur se déchaîna avec une particulière violence sur lui. Non seulement il fut fusillé. Mais les constatations faites sur son corps ne laissèrent aucun doute sur la férocité avec laquelle il avait été traité

Inclinons-nous devant la mémoire de ce brave et courageux ouvrier, tombé au poste, comme un soldat, comme un martyr.

Son nom ouvre la liste - la longue liste - de tous ceux qui figurent au martyrologe d'Ascq. C'est d'eux, maintenant, que nous allons parler.

Le crime qui va s'accomplir n'est pas :'œuvre d'ivrognes. La légende a couru. On a prétendu qu'avant d'arriver à Ascq, le convoi allemand s'était arrêté à Baisieux où stationnait un transport d'alcool !

Aux dires de certains, les Waffen S.S. auraient percé des fûts et se seraient abreuvés jusqu'à l'ivresse. C'est faux.

On trouve là une des formes-insidieuses et faisandées de la propagande sortie des officines du docteur Gœbbels

Non, les Waffen S.S. n'étaient point sous l'emprise de is boisson.

Et quand bien même l'auraient ils été, leur crime en aurait-il été plus pardonnable.

Au contraire, l'horreur du massacre et la honte qui rejaillit sur ses exécutants ne pourraient que s'accroître et rendre plus rigoureuse la réprobation.

Le véritable soldat qui a le sens de l'honneur et de la dignité, et dont l'âme est chevaleresque, ne s'abaisserait jamais à pareille infamie.

Passons. La cause est entendue.

Quand ils ont entrepris leur carnage, les Waffen S.S. étaient sains de corps et d'esprit.

S'ils ne l'avaient été, que serait-il advenu de la population d'Ascq ?

Décrivons ses souffrances, nous y trouverons la réponse que nos cœurs endoloris peuvent concevoir.

Par les rues du village

Du Quennelet - c'est là que le train était bloqué ; les S.S se répandirent à travers l'agglomération comme des forcenés.

Les rues Marceau, Courbet, du Maréchal Foch, Faidherbe, de la Gare, Mangin, Masséna, Carnot, de l'Abbé Lemire, Pasteur furent bientôt en émoi.

Les bottes ferrées résonnaient sur le pavé. Elles ne s'arrêtaient que devant chaque maison pour laisser place à un autre bruit : celui des fusils et des mitraillettes qui tiraient des salves dans les volets, dans les portes : ou celui des crosses qui défonçaient les panneaux des portes pour livrer passage aux criminels qui hurlaient. Écumants de rage.

Pendant ce temps, au Quennelet, une trentaine de soldais stationnent. Ils attendent, l'arme prête à tirer, qu'on leur amène les cibles humaines sur lesquelles leurs cartouches marqueront des points d'impacts, signature de la doctrine de haine qui a desséché leur cœur et rendu leur esprit inaccessible au respect de la personne humaine.

Les recruteurs de la mort ne chôment pas. Par un raffinement de cruauté, ils cachent aux familles terrorisées le but véritable qu'ils poursuivent.

C'est l'élément masculin qu'ils recherchent. Ce qui ne les dispense pas, toutefois de se saisir de quelques femmes et d'enfants pour les conduire le long de la voie ferrée !...

Pour eux, pas de considérations d'âge ni de situation de famille !

Jeunes ou vieux sont arrachés de leurs lits et emmenés manu-militari.

Hypocrisie. - Cynisme

Ne pleurez pas, dira un gradé allemand à Mme Roques, l'épouse du receveur des Postes, qui craignait justement pour la vie de son mari et de son fils - il n'avait pas 16 ans - que les S.S. empoignaient.

- Moi Officier, mais j'ai aussi maman ! ajoutait-il dans son jargon et d'une voix doucereuse.

Quelques minutes plus tard, transis de froid ils n'avaient eu le temps que de jeter un pardessus sur leur pyjama, M Risques et son petit Jean, la main dans la main, tombaient foudroyés, unis dans la mort.

Quand on relèvera leurs cadavres, à l'aube, il faudra écarter leurs doigts raidis et entrelacés.

La tête de M Roques était méconnaissable... Une balle explosive ne l'aurait pas davantage défiguré.

Même scène chez M Leruste. 5, rue de la Gare. Voyant partir son père et son grand-père, M Ronsse la fillette de M. Leruste pleurait. Un soldat la consola en lui disant. Pas pleurer petite. papa de retour.

Ni M Leruste, ni M. Ronsse ne sont revenus !

Dans les maisons où ils pénètrent, comme un leitmotiv, les S. répètent : Arbeit Banhof. Et les hommes et les jeunes gens, sommairement vêtus - certains n'ont pas pu se chausser - sont conduits par petits groupes vers la gare où ils croient être contraints de déblayer une voie...

Les femmes ne sont pas épargnées et un certain nombre d'entre elles doivent également prendre le même chemin sans être traitées avec plus d'égards.

Quel supplice !

Nous devons à Mile Trackœn de connaître ces détails qui fixent l'atroce supplice infligé aux malheureux requis.

Mlle Trackœn demeure 198 rue Marceau à Ascq, avec sa mère. Ses deux frères, Jean et René âgés respectivement de 20 et de 16 ans 1/2, ont été fusillés le 1er avril.

Elle nous a relaté les circonstances de leur arrestation. Nous prendrons garde d'altérer son récit.

- Ma mère, mes deux frères et moi avons été arrachés - à demi vêtus - de notre maison par des S S. qui nous ont emmenés jusqu'à la cabine d'aiguillage, près du passage à niveau d'Ascq - Nous devions marcher les bras levés.

- À la porte de la cabine, un officier se dressait et, au fur et à mesure que nous entrions dans la pièce, il nous battait.

- Dans la cabine, nous fûmes bientôt réunis en un fort groupe dans lequel se trouvaient notamment M. 0livier, l'aiguilleur, Mmes Vancraeynest et Caudoux ; Mme Dewailly et ses deux filles : Mme Guillemot et sa fille.

- Peu après, l'officier nous fit sortir tous et nous fit conduire le long du talus de la voie ferrée où le train était immobilisé.

- Les soldats qui nous encadraient mais assénaient des coups et leur fureur s'exerçait principalement sur les hommes qu'ils obligèrent à monter dans un wagon.

- Et sous nos yeux horrifiés, le massacre commença...

- Un officier se tenait près du wagon - je le reconnaîtrai s'il m'était présenté. Deux soldats, près de lui, chargeaient les armes et les lui avançaient pour commettre le crime.

Le premier, M. 0llivier fut jeté à terre... Je le vois encore se traînant à genoux, suppliant et criant grâce !

- Impassible, l'officier l'abattit non sans que le malheureux cheminot eut été au préalable roué de coups.

Mlle Trackœn continue ! Ses yeux, embués, se fixent... Elle revit des instants d'épouvante : les derniers instants de ses jeunes frères '

- Puis vint lé tour de mon frère René : Ils s'acharnaient sur lui et nos supplications n'y faisaient rien.

C'est alors qu'un soldat, profitant d'un moment d'inattention de l'officier, fit partir les femmes. Avec elles, maman et moi nous nous sommes éloignées pour rentrer chez nous... Mes frères, eux, n'y sont plus reparus. Ils les ont tués.

La cruauté exerçait ses ravages

Après avoir gravi ce calvaire, les pauvres femmes en descendaient, écrasées de douleur et glacées d'effroi...

Comme un glaive, la haine nazie venait de transpercer leur cœur et d'y ouvrir une plaie qui ne se refermera pas. Les étapes qui nous conduisent au champ du sang ne sont pas toutes accomplies.. Il nous reste à en parcourir d'autres...

La fusillade crépite...

Sera-ce l'extermination de la population masculine d'Ascq ?

Les groupes se suivent. Encadrés par des S. S. armés, les hommes sont conduits vers le Quennelet.

Les coups de crosses meurtrissent leurs chairs : tout le long du parcours, ils subissent les outrages et les violences les plus brutales.

Pas de respect pour l'âge

Un vieillard de 75 ans M. Pierre Briet, 4 rue du Maréchal-Foch, est particulièrement malmené. Il peine sur la route et ne supporte pas la cadence imposée !

Pas de pitié pour lui.

Des brutes s'acharnent !

Ont-elles un père ? Une mère ?

M. Briet s'affaisse sur la chaussée... Il est frappé à tel point qu'il ne peut plus se relever ; il a les pieds brisés.

Qu'importe ! Il n'échappera pas au massacre. Ses compagnons d'infortune sont obligés de le porter jusqu'au lieu de l'exécution.

M Arthur Pottié à 71 ans. Il n'est pas mieux traité. De son domicile, 69, rue Marceau au Quennelet, il est roué de coups les reins et le dos sont labourés de coups de bottes et de crosses

Pas de pitié non plus pour la famille

Sept enfants chez M. Courmont où une naissance est attendue ; cinq chez M. Gaston Desmettre où un bébé de deux mois repose dans le berceau ; six chez M. Guermonprez - l'aîné à 10 ans et le plus jeune 7 mois ; six également chez M. Lautem ; cinq chez M. Barat.

Les cœurs des forcenés ne s attendrissent pas au spectacle de ces petits êtres, innocents comme le papa.

C'est la haine qui passe comme un cyclone. Elle fauche, elle tue, sous les yeux même des parents impuissants à la repousser.

Quand cessera le carnage, il y aura cent vingt-cinq orphelins à Ascq.

Au presbytère

Le crime était raisonné.

On cherche le Pastour. C'est la ruée vers le Presbytère où le curé. M l'abbé Gilleron a accueilli la famille Averlon, sinistrée d'Helemmes.

La maison est fouillée. Aucune pièce ne reste inexplorée.

M. Gustave Averlon est empoigné, emmené à l'entrée du jardin et abattu.

Son fils Claude, 21 ans, est maintenu en respect par quelques S S tandis que d'autres insistent auprès de M. l'abbé Gilleron pour savoir s'il est bien le Pasteur.

Quelques secondes plus tard, Claude Averlon tombe, foudroyé, sous les yeux de sa mère dans le couloir du presbytère et au pied de l'escalier qui conduit à sa chambre !

M. l'abbé Gilleron a eu juste le temps de lui donner l'absolution…

Le ministère sacerdotal du bon curé d'Ascq s'achevait par le pardon du Christ..

Un coup de revolver abat M. l'abbé Gilleron ; un coup de fusil l'achèvera.

Le pasteur a rendu son âme à Dieu ; sa dépouille git, inerte la face contre terre.

La mort de M. l'abbé Cousin.

De la maison vicariale, 63 rue Courbet, M. l'abbé Maurice Cousin entend le vacarme et la fusillade. Il se précipite dans la rue pour porter le secours de son ministère aux blessés qui en auraient besoin.

Des soldats s'emparent de lui quelques secondes plus tard...

On retrouvera son cadavre, affreusement mutilé. méconnaissable, à proximité de son domicile. Ses membres sont brisés disloqués : les balles, les crosses et les bottes ont accompli leur œuvre destructive.

Partout la mort

C'est au Quennelet que les tueurs exercent le plus de ravages. Mais la mort ne limite pas à ce lieu sa zone d'action

Des postes de mitrailleurs sont en embuscade un peu partout..., La machination a tout prévu. Le réflexe de cette troupe et de ceux qui la commandent n'est pas celui d'hommes ivres d'alcool, mais bien plutôt froidement assoiffés de sang français.

Il ne faut pas que des malheureux otages puissent échapper !

Quand le jour poindra et que la relève des morts commencera on en dénombrera : 10 rue Mangin ; 1 rue Courbet ; 1 Place de la Gare ; 2 rue Marceau, devant le portail de l'église ; 3 au Presbytère : 7 carrière Dewailly et 62 au Quennelet en bordure de la voie ferrée.

Un monument sera élevé un jour, sans doute, qui perpétrera à Ascq le souvenir des martyrs des S. S.

Avant qu'en lettres d'or leurs noms soient gravés dans la pierre, citons-les ; précisons aussi l'âge des victimes.

Unis dans la mort, ils le sont dans notre sympathie :

MM. Albert Lucien, 38 ans, prisonnier en congé de maladie ; Averlon Claude, 21 ans ; Averlon Gustave, 49 ans ; Balois René, 29 ans ; Baratte Gaston 46 ans ; Béghin Louis, 32 ans ; Billiaux Robert, 44 ans ; Briet Pierre, 75 ans ; Carpentier Maurice, 44 ans; Castain Edgard, 60 ans ; Catoire René, 61 ans ; Chrétien Gaston, 39 ans ; Comyn Henri, 24 ans Couque Clovis, 31 ans ; Couque Arthur. 35 ans ; Courmont Pierre, 38 ans ; M. l'abbé Cousin Maurice, 35 ans ; Crucq René, 36 ans ; Debachy Henri, 34 ans ; Décattoires Marcel, 43 ans ; Deciercq Julien 42 ans ; Decourselle Émile 58 ans ; Defontaine Louis 32 ans ; Dekleermaver Henri, 20 ans ; Delannoy Eugène, 45 ans ; Delattre René 52 ans ; Delbecque Henri 54 ans : Decroix Fernand, 23 ans ; Delemotte Paul 40 ans ; Demersseman Albert, 25 ans ; Depoorter Michel 50 ans ; Descamps Charles, 40 ans ; Desmettre Gaston, 45 ans ; Desrunraux Louis 18 ans ; Dète Émile 47 ans : Dewailly Léon, 41 ans ; Dillies Henri, 47 ans ; Dubrulle Charlemagne 64 ans ; Duretz Roger, 23 ans ; Duti!loy Charles, 45 ans ; Peson Georges, 40 ans ; Follet Maurice, 40 ans ; Francke Jules, 36 ans ; M. l'abbé Gilleron 60 ans ; Grimopont André, 35 ans ; Guermonprez André, 39 ans ; Hébert Raoul 45 ans ; Hennebique Jules, 55 ans ; Hénin Appolinaire 71 ans ; Herbes Jules. 52 ans ; Lallart Pierre, 43 ans ; Langlard Maurice 46 ans ; Lautem Constant, 38 ans ; Leruste Paul Gaston, 33 ans ; Lhernould Gustave 48 ans ; Lhernould Paul Alphonse 57 ans ; Lhernould Paul Henri, 17 ans ; Macaigne Paul, 53 ans ; Marge Georges 24 ans ; Menez Maurice, 41 ans ;

Méplomb Paul, 72 ans ; Noblecourt François 45 ans ; Nuyttens Jean-Baptiste, 40 ans ; Olivier André 31 ans ; Otlet Paul, 36 ans ; Oudart Georges, 35 ans ; Pottié Arthur 71 ans ; Poulain Raphaël 31 ans ; Rigaut Arthur, 49 ans ; Roquas Jean, 16 ans ; Roques Maurice, 48 ans ; Rœsse Auguste, 63 ans ; Rousseau Robert 45 ans ; Sabin Lucien, 42 ans ; Six Henri, 29 ans ; Thieffry Gustave, 66 ans ; Thieffry Maurice, 47 ans ; Thieffry Mehel, 19 ans ; Trackœn Jean 20 ails ; Trackœn René, 16 ans ; Tréhoust Robert, 38 ans ; Vancraeynest Roger 16 ans ; Vandermessche René 24 ans ; Vandenbussche Maurice 22 ans ; Vanpeene Albert, 22 ans ; Vermus Paul 59 ans.

 

 

 

Pour lire l’integralité  consulter : http://beaucoudray.free.fr/ascq05.htm



26/11/2010
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