DEVIGNE Georges
DEVIGNE Georges
Cantonnier SNCF à Soissons
Date de naissance : 17 novembre 1916
Lieu de naissance : Autreppes (Aisne)
Date de décès : 07 mai 1945
Lieu de décès : Ansprung, All
Circonstances : Mort en Déportation
Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :
Relevé de la Plaque commémorative S.N.C.F. de Soissons (02)
Contact famille, Mme Isabelle DEVIGNE , sa petite fille ; avec tous nos remerciements pour la photographie et les informations concernant son Grand Père.
Dictionnaire de la FMD Partie I, liste n°265. (I.265.) article de présentation de Thomas Fontaine et Laurent Thiery
CAHLM : Centre d’Archives Historiques SNCF, Le Mans ; en ligne ; cotes 118 lm
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Georges DEVIGNE est né le 17 novembre à Autreppes dans l’Aisne. D'abord Militaire de 1935 à 1940, à Laon puis Soissons. Il est embauché à la SNCF début 1940 comme Cheminot Cantonnier à Soissons.
Il est marié, le couple a deux enfants et en 1944, en attend un troisième.
Lors de son arrestation, la famille est domiciliée au 10 route de Fere en Tardenois à Belleu, au sud de Soissons.
Résistant, Il appartient au groupe D des FFI du réseau de résistance de Raymonde FIOLET, La responsable du secteur Soissonnais du Réseau Libé-Nord qui fut arrétée le 15 juin 1944, Le 22 août 1944, elle s'évada de l'Hôtel-dieu de Saint-Quentin, où elle était incarcérée et devient Maire de Soissons à la libération ...
Il est arrété le 15 juin 1944 pour un « Motif Inconnu ». Interné au fronstalag 122 au camp de Royallieu à Compiègne. Le 17 aout 1944 au matin, il est embarqué dans des camions pour la foret de Rethondes et déporté avec 1248 hommes ; convoi (I.265.), par le dernier train qui part pour le camp de concentration de Buchenwald.
Ironie du sort, le convoi effectue un arret prolongé en gare de Soissons ; où le Consul de Suède Raoul Nordling tente d’empécher ce convoi de repartir en vertu de l’accord signé l'avant-veille avec le commandement militaire allemand, mais le Sipo SD, police Allemande, empèche la libération des détenus.
A l’arrivé à Buchenwald, le 21 aout 1944, il est enregistré sous le numéro de matricule 78827.
Le 13 septembre 1944, il est affecté à un transport pour le kommando du chantier Reh où il travaille dans une usine souterraine dans une mine de sel et de potasse à Neu-Stassfurt à une trentaine de kilomètres de Magdebourg.
Lors de l’évacuation du kommando qui commence le 11 avril 1945, il subit avec ses compagnons une apocalyptique « marche de la mort » de plus de 360 kilomètres.
Il décède d’épuisement, le 07 mai 1945, entre Dittersbach et Ansprung ; 24 heures avant la capitulation de l' Allemagne .
Mme Devigne avait appris par la radio que son mari avait été « libéré par l'Armée rouge et qu'il serait actuellement en Russie ». Information erronnée qui se renouvellera pour plusieurs familles et qui entretiendra longtemps un ultime et desespéré espoir de retour …
Dans les années 80, une rue a été inaugurée à Belleu (02) sur le lieu où il habitait et honore sa mémoire.
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ci dessous ; texte envoyé par sa petite fille : avec tous nos remerciements
Georges DEVIGNE était le fils de Georgette DEVIGNE (19/04/1882- 29/11/1919) ménagère. On ne connait pas son père. Il est élevé par sa grand-mère Toulouse PALMYRE ménagère. Il est fils unique.
Il rencontre sa future femme dans un train !
Il se marie le 30 janvier 1937 à Soissons avec Zulma LEDOUX (ma grand-mère). Ils ont 4 enfants : Jean (mon père) né en 1937 ; Jeannine en 1939 (décédée en 1941 de maladie) ; Daniel né en 1942 (décédé) et Gérard (décédé) né en 1943.
Il est manouvrier, s’engage dans l’armée pendant 5 ans.
Georges DEVIGNE entre à la SNCF grâce à Albert LEDOUX (son beau-frère) qui faisait partie du même réseau de résistance et mourra sous la torture lors de son transfert à Buchenwald dans le dernier train.
Quand le dernier convoi est parti, Georges et Albert sont passés par une gare où ils ont pu parler à Mme « Juvigny » (garde-barrières) lors d’un arrêt : « dites à nos femmes que nous partons en Allemagne ».
D’après sa belle-sœur (femme d’Albert Ledoux) :
Georges DEVIGNE serait mort d’épuisement et achevé à la mitraillette lors de la marche de la mort. Son moral était mauvais également.
C’était un homme droit et généreux. Il s’arrangeait pour nous donner du sucre quand il en avait.
Un jour à la gare de Soissons, les Allemands sont venus, Georges a dissimulé un révolver sous son pied pour sauver un homme.
Je sais qu’il imprimait des papiers pour la résistance à n’importe qu’elle heure de la journée. Il était le bras droit de Raymonde Fiolet (capitaine des FFI). Le matériel des résistants était caché dans le cimetière de Soissons dans le caveau d’une famille noble.
Mon père se rappelle (il avait 7 ans à l’époque), qu’il déménageait souvent pour être à l’abri des Allemands qui les recherchaient. Son père lui faisait signe au revoir à la fenêtre quand il partait à l’école. Quand les déportés sont revenus, un homme que mon père connaissait lui a annoncé à la gare, que son père ne reviendrait pas, qu’il était mort.
Comme on peut le constater, la SNCF est très présente dans la vie de mon grand-père :
Il y rencontre sa femme, il sabote le matériel, il y part en déportation et par le retour d’un train mon père y apprend sa mort !
DISCOURS PRONONCÉ PAR LE MAIRE de BELLEU LE 24 AVRIL 1977 POUR L’INAUGURATION DES RUES GEORGES DEVIGNE ET ALBERT LEDOUX
Belleu s’agrandit des nouvelles voies sont créées et c’est pour nous, représentants d’associations d’anciens combattants, d’anciens déportés et résistants, un devoir que de donner à ces rues les noms de nos héros, afin que se perpétue leur souvenir.
La vie, l’action dans la résistance du sous-lieutenant Georges DEVIGNE sont formidables. Sans cesse sur la brèche, il est de tous les coups durs.
Né le 17 novembre 1916 à Autreppes (02), il entre dans la résistance à Libé-Nord, organisation de résistance à direction socialiste. Il est au groupe de Marcel BIGNEBAT le 1er septembre 1942.
Energique, d’un sang-froid remarquable, il participe à toutes les actions de son groupe, notamment à plus de 10 sabotages :
2 déc 1943 : sabotage de pylônes électriques à Sermoise.
1er janv 1944 : sabotage du matériel roulant en gare de Soissons.
Nuit du 1er au 2 mars 1944 : sabotage de locomotives en gare de Soissons.
10 avril 1944 : pose de ventouses sur les wagons-citernes à Soissons.
1er mai 1944 : sabotage de la voie ferrée au Km 96760.
3 mai 1944 : sabotage de l’écluse de Fontenoy.
20 mai 1944 : sabotage de la voie ferrée au Km 106260 à Soissons.
28 mai 1944 : sabotage de la voie ferrée au Km 93710 à Pernant.
5 juin 1944 : exécution du plan vert.
7 juin 1944 : sabotage de la voie ferrée au Km 96700 à Mercin.
9 juin 1944 : minage de postes d’aiguillage à Soissons.
Arrêté par la Gestapo le 15 juin 1944 au PC du groupement, il est incarcéré à Soissons où son calvaire commence, puis c’est à St Quentin et Compiègne pour finir en déportation à Buchenwald le 18 août 1944. Mort en déportation le 7 mai 1945. Son acte de décès porte la mention « Mort pour la France ». Il est cité à l’ordre de la Brigade et par décret du 28 avril 1959 publié au journal officiel est nommé dans l’ordre national de la légion d’honneur au grade de chevalier à titre posthume.
On peut lire au journal officiel le libellé suivant : « courageux, chef de groupe de Résistance, remarquable de sang-froid et d’audace, compte à son actif de nombreuses actions de sabotages contre les communications ferroviaires et fluviales de l’ennemi. Arrêté et torturé par la Gestapo, n’a dévoilé aucun secret de son organisation ; a trouvé la mort dans les bagnes nazis le 7 mai 1945 ».
Attribution de la Croix de guerre avec palme.
Attribution de la médaille de la Résistance.
Signé Charles de Gaulle
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