RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

DOUET Gaston

DOUET Gaston

  

Date de naissance : 04 juin 1910

Lieu de naissance : Châteaubriant (44)

Date de décès : 1er mars 1943

Lieu de décès : INZERT

Circonstances : Mort en déportation.

 

 

 

Méthode de recherches Rail et Mémoire pour cette notice :

  

- Documents fournis par Joëlle BUZAY, fille de Gaston DOUET.

- A.D.L.A., cotes 1694 W 11, 1226 w 417, 1693 w 109, 1693 w 110, 1693 w 113,                      5 M 1683.

- Livre : Mémorial des victimes de la Persécution Allemande en Loire-Inférieure 1940 - 1945 de Jean-Pierre SAUVAGE et Xavier TROCHU.

- Relevé de la nouvelle plaque commémorative en gare de Nantes-Orléans.

 

Note rédigée par Carlos Fernandez correspondant de Rail et Mémoire.

 

 

          Sa fille Joëlle écrira bien plus tard « je me souviens de cette soirée ou de cette nuit, en fait je ne sais s'il faisait nuit mais nous étions au lit, lorsque de grands coups dans la porte d'entrée nous ont réveillés. Nous qui étions des enfants très jeunes avons eu très peur et nous nous sommes mis à pleurer. Mes parents ont ouvert. C'était une perquisition. Ma mère me révèlera plus tard qu« 'ils » n'ont rien trouvé et pour cause elle eut la présence d'esprit de cacher un paquet de tracts dans la cuisinière qui n'a pas été fouillée. Mon père a été emmené puis relâché, faute de preuve, mais très surveillé à partir de ce moment là ».

 

          En fait Gaston Douet entre en résistance fin 1941. Approché par le communiste René GUILLON, dont il partage les idées, il accepte dans un premier temps de récupérer en gare de Nantes les valises pleines de tracts en provenance de Paris, puis celles venant de Lorient. Ces tracts récupérés par R. GUILLON sont en partie distribués à Nantes et les autres expédiés sur La Rochelle et Thouars. Par la suite Gaston Douet entrepose lui-même ce matériel de propagande et le distribue. Sur dénonciation, il est arrêté par le S.P.A.C. le 26 mars 1942 et remis en liberté provisoire le 2 mai. Il est de nouveau arrêté par Feldgendarmerie le 12 mai 1942 et transféré à La Rochelle puis déporté au camp de concentration d'INZERT où il décède le 1er mars 1943.

 

          Et sa fille Joëlle nous précise dans ses écrits « après l'arrestation de mon père, ma mère s'est trouvée dans l'obligation de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille    [4 enfants de 2 ans, 3 ans, 4 ans et 6 ans] puis nous avons été mis en nourrice dans une autre famille. J'avais 7 ans quand ma mère nous a repris à Nantes avec elle. Il me semble que c'est pour la rentrée des classes en 1945. Mon souvenir le plus précis est l'arrivée des camps de concentration de Mr René GUILLON, seul survivant de son groupe de 5 résistants.

 

 

 

 

          L'on frappe à la porte. Ma mère va ouvrir. Nous voyons un homme pas très grand et maigre et il dit :

          ü Mme Douet ?

          ü Oui

          ü Tu ne me reconnais pas ?

          ü Non

          ü Mais je suis René GUILLON !

 

 

          Alors ils s'embrassent et pleurent ensemble et nous, les enfants, n'y comprenons rien. Après ces retrouvailles émouvantes il annonce le décès de mon père, mort de maladie, de dysenterie, et d'épuisement puis enterré dans une fosse commune.

 

          C'est à partir de ce jour là que nous avons appris le sort tragique de mon père car depuis son incarcération nous n'avions aucune nouvelle. »

 

          Par la suite Mme Douet viendra régulièrement se recueillir avec ses enfants devant cette plaque en marbre blanc érigée en gare de Nantes-Orléans où figurait le nom de son mari sous la dénomination « Mort en déportation ». C'était le seul lien physique et matériel qui la relia à son mari disparu au loin. Et Joëlle de nous dire « immanquablement, maman posait doucement son index sur le nom de Gaston Douet et nous disait : il est là, papa. »

 

          Cette plaque a été modifiée en 1968, dans un contexte de réconciliation franco-allemande, avec l'inauguration de la nouvelle gare. Tous les noms ont été inscrits sous la seule dénomination « tués pour faits de guerre ».

 

          C'est à l'initiative de Joëlle BUZAY née Douet et de son époux Jean, soutenu par l'Institut d'Histoire Sociale de la CGT et en accord avec la Direction Régionale SNCF qu'une nouvelle plaque a été érigée le 27 mai 2008 en gare de Nantes-Orléans où figurent les noms et dénominations des « Fusillés et Morts en Déportation », avec la mention « Morts pour la France ».

 

 

Nouvelle Plaque de Nantes Gare

 

Plaque et Macaron tricolore sur Sépulture Familiale

Cimetière de Châteaubriand (44)

 

 

Entre 1941 et 1945, vingt cheminots nantais ont été fusillés ou sont morts en déportation. Une plaque, dévoilée hier à la gare Nord, honore désormais leur mémoire.

Il y a encore six mois, la direction de la SNCF ne voulait pas en entendre parler. Depuis trois ans et demi, Carlos Fernandez, cheminot retraité, militant CGT actif et fervent défenseur de la mémoire de la Résistance, se battait pour qu'une plaque soit apposée en gare de Nantes pour rappeler le souvenir des 20 cheminots de Nantes fusillés ou morts en déportation. Depuis hier, l'objectif est atteint. Et, quai n° 1, une nouvelle plaque vient désormais compléter celle qui avait été posée en 1968 reprenant les noms des 115 cheminots tués pour faits de guerre entre 1939 et 1945.

La persévérance de Joëlle Buzay-Douet

La nuance est importante. « En 1946, une plaque avait déjà été posée pour saluer la mémoire des cheminots fusillés et morts en déportation. Mais en 1968, au moment de l'inauguration de la nouvelle gare, la plaque a été changée en incluant cette fois les victimes des bombardements. On était alors en pleine réconciliation franco-allemande et il ne fallait pas heurter les susceptibilités, d'où cette formule plus générale « tués pour faits de guerre » ».

Mais Joëlle Buzay-Douet, fille de Gaston Douet, arrêté en 1942 pour possession de tracts du Front national (mouvement de résistance d'obédience communiste) et mort en déportation, avait gardé le souvenir de la première plaque. Il y a trois ans et demi, en revenant à Nantes sur les traces de ce père arrêté quand elle avait 4 ans, elle ne l'a plus retrouvée. Elle s'en est ému auprès des cheminots retraités CGT.

Marin Poirier, premier fusillé nantais

La plaque, dévoilée hier en fin d'après-midi par le directeur régional de la SNCF, outre celui de Gaston Douet, comporte 19 noms dont celui de Marin Poirier, garde-barrière place du Commerce, résistant au sein du groupe des anciens combattants de Léon Jost et du groupe Bocq-Adam et premier fusillé nantais (le 30 août 1941 au champ de tir du Bêle, route de Saint-Joseph de Porterie).

La date choisie pour cette inauguration n'est pas non plus fortuite. « Elle correspond au 65e anniversaire de la première réunion clandestine du conseil national de la résistance, sous la présidence de Jean Moulin, qui allait fédérer l'ensemble des organisations de résistantes et donner naissance à un programme si novateur que nous devrions nous en inspirer aujourd'hui » explique Carlos Fernandez.

Dominique Bloyet

Presse-Océan


19/04/2009
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