RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

FERRET Henri

FERRET Henri, Fernand, Joseph

 

Conducteur électrique au dépôt d’ARGENTON sur CREUSE (36)

 

 

Date de naissance : 07 Février 1897

Lieu de naissance: BEZIERS (34)

Date de décès: 27 Juillet 1944

Lieu de décès: DAMPIERRE (36)

Circonstances : Fusillé

 

 

Methode de  recherche Rail & Mémoire pour cette notice .

 

Relevé de la plaque de la gare d’Argenton sur Creuse

Le Maitron => Cheminots et Militants, un siècle de syndicalisme ferroviaire, sous la direction de Marie-Louise GOERGEN, Collection Jean MAITRON (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Les Editions de l'Atelier, 2003)

Site Internet : http://creban.ifrance.com/repress/repallete44.html

 

 

 

 

 

Henri FERRET était conducteur électricien.

À la déclaration de guerre en septembre 1939, il fut mis à la disposition de la SNCF puis muté au dépôt d’Argenton-sur-Creuse en juin 1940, il était domicilié à Saint-Marcel (Indre). Suspendu le 15 septembre 1940, il fut licencié le 17 octobre. Il avait alors reconstitué le syndicat CGT clandestin des cheminots.

Résistant, Capitaine FTP,  il entrait dans la clandestinité en juin 1943 et, était responsable du comité régional de la Résistance à  Argenton sur Creuse.

 

Le 27 juillet 1944, avec treize autres Résistants, il était fusillé par les nazis au domaine de CHATEAU GAILLARD commune de GARGILLESSE DAMPIERRE  à 14 kilomètres au sud d’ARGENTON SUR CREUSE

 

Une rue de Saint-Marcel (36) honore sa mémoire

 

« Nous étions environ quatre-vingt-dix, dont une cinquantaine venait du maquis de Jeu. C'est à Dampierre que nous nous trouvâmes avec quelques responsables, dont Lemaître que je connaissais déjà, ex-instituteur au Poiron, commune de Montchevrier, ainsi que le doyen, le camarade Bret, Fauguet, cultivateur à Orsennes, Duris, maçon à la Jarrige, Vallaud du barrage d'Éguzon, Genestet, Pierre Sabroux et son cousin Duchâteau, Arthur Pion et son frère Arthème, le russe Sintchenko du barrage d'Éguzon, Dubranle de Celon.

 Je m'excuse de ne pas pouvoir citer tous les noms. Sous les ordres d'un état-major important composé du lieutenant-colonel Roland Despains, des commandants Gillet, Esmelin, des capitaines Desfougères, Mers, Ferret, du lieutenant Carré, des agents de liaison Yolande Gerbaud (Yoyo) et Françoise, sa copine parisienne (toutes les deux furent décorées de la Croix de la Résistance à Limoges, elles l'avaient bien méritée). Nous étions en contact permanent avec les groupes F.T.P. de tout le secteur. Il y avait plusieurs groupes de saboteurs de Bazaiges, de Celon avec Dubranle et Pion, Vallaud et Genestet, Rabier et un groupe de cheminots d'Argenton.

Les exactions allemandes dans la région de La Châtre pendant l'été 1944

(source : Archives Nationales, F 41 - 394)

 

Commune de Gargilesse

 

Le 27 juillet dernier, une colonne d'environ 250 à 300 S.S. allemands, montés sur camions et autos-mitrailleuses, est arrivée simultanément vers 13 heures aux Minières, aux fermes de Château-Gaillard et de la Mothe et au village de Dampierre, avec l'intention avouée d'attaquer le maquis cantonné au Moulin Garat dans le ravin de la « Gargilesse » entre Dampierre et la Mothe. Avec ce maquis et gardés par les F.F.I. était cantonnée également une vingtaine de prisonniers allemands.

Aux Minières, après avoir demandé où se trouvaient le moulin et la ferme de Château-Gaillard, les S.S. emmenèrent un otage pour leur indiquer le chemin : le jeune Bruneau Camille, âgé de 22 ans, qui, par la suite, a été retrouvé mort mitraillé.

À la ferme de Château-Gaillard qui avait été cernée par surprise, les S.S. arrêtèrent tous les habitants et cinq F.F.I. dont quatre gradés qui déjeunaient. Les F.F.I. furent groupés avec un domestique de la ferme et le gendre du métayer, emmenés dans la cour au bord d'une mare remplie d'eau, alignés le dos à la fosse, les bras levés, mains croisées derrière la tête.                 

Ce sont : Ferret Henri, Carré Jean-Louis, Mer Emile, Braud Sylvain, Louis Jean, Louis Marcel, Chauvin  Albert. Par la suite, Thomas Roger habitant Dampierre, trouvé par les S.S. à proximité de la ferme, fut joint au groupe. Tous les huit furent dépouillés de tous leurs objets personnels (papiers, porte-monnaie, portefeuille).

Dans la soirée, ils furent confrontés avec les prisonniers allemands délivrés par les S.S. Les prisonniers étaient invités à désigner les habitants de la ferme soupçonnés d'avoir ravitaillé le maquis.

Le soir, après avoir été interrogés par les Allemands, Chauvin Albert et Thomas Roger furent invités à s'éloigner. Les six autres furent mitraillés et, après leur mort, affreusement défigurés par leurs bourreaux.

En même temps, les S.S. mettaient le feu aux bâtiments d'habitation qu'ils avaient auparavant pillés et saccagés. »

 

NOTICE du Maîtron :

 

FERRET Henri, Fernand, Joseph.

Né le 7 février 1897 à Béziers (Hérault), tombé à Dampierre (Indre) sous les balles hitlériennes le 27 juillet 1944 ; cheminot ; syndicaliste unitaire (CGTU) et communiste ; résistant.

Le père d’Henri Ferret était chef de fabrication à la mine du Bousquet-d’Orb (Hérault). Il avait cinq ans, lorsque sa mère, repasseuse, mourut. Il fut alors confié, jusqu’au Certificat d’études, à un pensionnat religieux de Bédarieux (Hérault). À quatorze ans, il s’embaucha à la verrerie du Bousquet-d’Orb. Le 10 janvier 1916, il était incorporé au 142e régiment de ligne à Mende (Lozère) puis envoyé au front avec le 131e régiment d’infanterie. Il combattit dans l’Aisne et la Somme et fut gazé à trois reprises. Le 30 juillet 1919, il épousa la fille d’un ouvrier tourneur du Creusot et travailla comme électricien dans les caves de la société Pommery à Reims de septembre 1919 à juin 1921, date à laquelle il revint à Béziers. Le 20 janvier 1923, il entra à la Compagnie des chemins de fer du Midi comme chauffeur temporaire. Il se syndiqua à la Fédération unitaire des cheminots le 1er avril 1925 ; quelque temps après, il adhéra au Parti communiste et, en 1928, il fut candidat BOP au conseil d’arrondissement dans le canton de Béziers 1er.

Le 1er janvier 1928, il était élu secrétaire adjoint du syndicat CGTU de Béziers et secrétaire général le 1er janvier 1929. Il fut délégué au congrès CGTU de l’Union du réseau à Toulouse les 27 et 28 juillet 1928, à la commission de réforme le 10 décembre 1928, au congrès de fusion syndicale à Toulouse le 21 octobre 1934 après la formation du syndicat unique de Béziers le 22 juin 1934, au congrès de la CGTU à Issy-les-

Moulineaux le 24 septembre 1935.

Le 1er janvier 1936, il devint secrétaire administratif du syndicat unifié des cheminots puis secrétaire général le 9 décembre 1936, réélu le 9 décembre 1938 et membre dubureau de la Bourse du Travail de Béziers. Il assista comme délégué au congrès fédéral de Paris tenu du 27 au 30 juin 1938 et au XXVe congrès national de la CGT à Nantes du 14 au 17 novembre. Depuis 1931, il était conducteur électricien.

À la mobilisation générale de septembre 1939, il fut mis à la disposition de la SNCF puis muté au dépôt d’Argenton-sur-Creuse en juin 1940, il alla résider à Saint-Marcel (Indre). Suspendu le 15 septembre 1940, il fut licencié le 17 octobre. Il avait alors reconstitué le syndicat CGT clandestin des cheminots. Le 20 octobre 1941, il était embauché comme manoeuvre à la Chaudronnerie industrielle d’aviation à Argenton. Il milita alors dans le mouvement syndical illégal et légal : en juillet 1943, il devint délégué ouvrier au comité social d’entreprise puis secrétaire général du syndicat des métaux d’Argenton le 5 novembre 1943. Le 7 juin 1943, il gagnait le maquis avec sa fille et, deux jours plus tard, devenait responsable du comité régional de la Résistance à la mairie d’Argenton. Le 27 juillet 1944, avec treize autres Résistants, il était fusillé par les nazis. Il avait le grade de capitaine FTP. Il devint, à titre posthume, chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la Croix de guerre avec palme et de la Médaille de la Résistance. Il était médaillé militaire au titre de la guerre de 1914-1918. Depuis le 17 juin 1973 une rue de Saint-Marcel porte son nom.

 

SOURCES : Le Travailleur du Languedoc, 1936-1938. — L’Écho du Centre, 19 juin 1973. — La Nouvelle République, 19 juin 1973. — Témoignage de son fils Rémi Ferret.

Jean Sagnes



23/01/2010
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