TORRALBA Y VENDRELLE Ange
TORRALBA Ange
MANOEUVRE à BORDEAUX (33)
Date de naissance : 28 octobre1909
Lieu de naissance : Gisors 27
Date de décès : 19 décembre 1943
Lieu de décès : Inconnu
Circonstances : Inconnues
Méthode de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :
Notre Métier de N° 82 de novembre 1946
Contact Famille :
Merci à sa petite fille Marie Ange Torralba y Vendrelle
http://politique-auschwitz.blogspot.fr/2010/11/torralba-gabriel-edgard.html
Fils d'Amédée et DERIOL Joséphine. Marié à TAUZIN Marie Madeleine, deux enfants. Communiste, civil, il est arrêté le 22/11/1940 pour détention de tracts et de documents par la brigade POINSOT.*
Emprisonné au camp de Bacalan, (Caserne coloniale - Quai de Bacalan Annexe du camp de Mérignac)
il est ensuite transféré à Mérignac ; Beaudesert où il reste durant trois ans avant de s'évader en 1943. Il s'engage chez les FTPF du groupe Martel (33) le 09/07/1943. Arrêté alors qu'il partait en mission pour Paris le 19/12/1943.
la famille aimait le théâtre, AngeTorralba était dans une troupe d'amateurs, musicien (il jouait du bango) et sportif (il pratiquait le tennis, les quilles et le basket, notamment au camp d'internement à Mérignac ( témoignage de sa petite fille)
Ange est au milieu
(Le Camp de Mérignac, installé sur le site de Beau-Désert, ouvre en 1941.
Y seront internés des nomades, des juifs, des communistes du sud-ouest et des prisonniers de "droit commun".
En 1942, la Police de Sûreté Allemande exige l'aménagement d'une annexe située Quai de Bacalan, augmentant ainsi l'effectif du camp.
C'est du camp de Mérignac que furent extraits sur exigences des autorités d'occupation les otages fusillés le 22 octobre 1941 à Souge ou à Bordeaux, des déportés (communistes, résistants, juifs, réfractaires) pour les camps de concentration et les camps d'extermination.)
- La Famille Torralba y Vendrelle fut durement éprouvée :
Lire l article ci dessous concernant son frère Gabriel
"Gabriel Torralba est né à Tarbes (Hautes-Pyrénées) le 2 janvier 1916, d'un père espagnol (Amédée Torralba) et d'une mère française (Joséphine Deriole). Il habite à 13 rue Victor Hugo, Chambéry-Pont de la Maye à Villenave d’Ornon (Gironde), faubourgs de Bordeaux. Il est célibataire au moment de son arrestation, mosaïste, dans l'entreprise familiale.
Il travaille en Espagne lors du soulèvement de Franco contre la République. Il prend une part active à la lutte contre Franco. Il est un des responsables d’une des usines « que nous avions réquisitionnée ». En 1938, « nous sommes partis volontaires au front, dans une brigade du syndicat UGT, qui a été par la suite englobée dans l’armée espagnole, républicaine bien entendu. A la débâcle, je suis rentré en France, avec une partie de l’armée. » Après avoir rendu leurs armes aux gendarmes à Bourg-Madame (Pyrénées-Orientales), il y séjourne pendant 3 semaines, puis avec ses camarades est dirigé sur le camp de Septfons, dans le Lot-et-Garonne, un camp construit pour « accueillir » les 18000 réfugiés de l’armée espagnole, sous la garde de soldats sénégalais. Gabriel Torralba a 22 ans et se trouve en situation d’insoumission, puisqu’il n’a pas fait son service militaire en France ! A la suite d’un décret d’amnistie, il est libéré et amené à Toulouse pour y faire son service militaire. Il est démobilisé en juin 1940 et revient à Bordeaux.
Il reprend ses activités professionnelles et militantes « Mon père était communiste, et avait convoyé des camions qui portaient la solidarité des Français pour l’Espagne républicaine. Bref à la maison, nous étions tous au Parti. La cellule a commencé à imprimer et distribuer des tracts ».
A l’Occupation, il est arrêté le 22 octobre 1940, par les policiers français de la tristement célèbre "Brigade Poinsot"(1), pour ses activités politiques connues. Dans la même période et jusqu'en décembre seront arrêtés une centaine de militants communistes, parmi lesquels trois d’entre eux seront déportés avec lui dans le convoi du 6 juillet 1942 : Jean Guénon de Cénon, Gabriel Eustache de Pessac et Jean Beudou de Talence. Il y a aussi le frère de Gabriel Eustache, le père et les frères de Gabriel Torralba (tous deux cheminots)(2), « presque tous les militants de notre quartier et Jean Bonnardel secrétaire de la section » (il sera fusillé au camp de Souge à l’âge de 38 ans, avec 49 autres militants les 23 et 24 octobre 1941). Gabriel Torralba écrit « connus comme nous étions, il n’y eut pas difficulté à la police française de savoir d’où venaient les tracts ».
Gabriel Torralba, est détenu quai des Chartrons à Bordeaux, puis pendant 2 mois au centre de séjour surveillé, 24 quai de Bacalan à Bordeaux. Il est ensuite transféré au camp de « Beau-Désert », à Mérignac où il est interné jusqu’en avril ou mai 1942. Il est alors remis aux autorités allemandes à leur demande. Celles-ci l’internent au camp de Royallieu à Compiègne (Frontstalag 122), en vue de sa déportation comme otage. A Compiègne il est affecté à la chambre N°3, bâtiment A1.
Il participe aux actions collectives organisées par la Résistance du camp pour maintenir le moral des internés et venir en aide aux plus démunis : en exemple, le menu d'un "repas fraternel" organisé le 5 mai 1942, et qui porte 34 signatures, parmi lesquelles on peut identifier celles de plusieurs "45000" (Eugène Clément (45374, de Paris), Armand Nicolazzo (45924, d’Argenteuil), Louis Guidon (45637, d’Ivry), Félix Néel (46252, de Romainville), André Doucet (45480, de Nanterre), Auguste Monjauvis (45887, de Paris), Jean Berthoud (45230 de Paris XXème), Louis Gouffé (45620 de Romainville), René Beaulieu (45213, de Rosny), et celles de ses camarades bordelais, Eustache (45522 de Pessac), Beudou (45243 de Talence), et d’André Tollet qui s’évadera par le tunnel, quelques jours après.
Gabriel Torralba est déporté à Auschwitz dans le convoi du 6 juillet 1942 dit des «45000». Ce convoi d’otages composé, pour l’essentiel, d’un millier de communistes (responsables politiques du parti et syndicalistes de la CGT) et d’une cinquantaine d’otages juifs (1170 hommes au moment de leur enregistrement à Auschwitz) faisait partie des mesures de représailles allemandes destinées à combattre, en France, les « judéo-bolcheviks » responsables, aux yeux de Hitler, des actions armées organisées par le parti communiste clandestin contre des officiers et des soldats de la Wehrmacht, à partir d’août 1941.
Il est enregistré à son arrivée à Auschwitz le 8 juillet 1942 sous le numéro 46264. A Auschwitz, il est affecté au Block 18 et aux kommandos Menuiserie (Holtzplatz), et DAW, où il retrouve Maurice Rideau. Il est au block 11 pendant la quarantaine (lire le paragraphe 1943 : une année moins meurtrière. Résistance et solidarité, dans l’article du blog : présentation du convoi : origines et histoire à Auschwitz).
Le 31 août 1944, Gabriel Torralba est transféré en wagon à bestiaux au camp de Flossenbürg (il y reçoit le matricule n° 18800). Le 15 avril 1945, c’est l’évacuation du camp : « sur la route, nous avons marché pendant 3 jours. Ceux qui ne pouvaient pas suivre étaient abattus sur place ». Il est libéré près de la ville de Cham, en Bavière « je pense dans les premiers jours de mai 1945 », par les troupes américaines. Il regagne la France fin mai.
Gabriel Torralba est homologué « Déporté politique ». Le 30 mars 1946, il épouse Conception Ramirez Naranjo à Villenave d’Ornon. Il est membre de la FNDIRP "depuis sa fondation" et a gardé contact avec ses compagnons de déportation, même après son installation en Espagne, à la fin de sa vie. Gabriel Torralba est mort le 1er juin 1989 à Séville (Espagne)."
(2) Le plus jeune des frères de Gabriel Torralba, âgé de 18 ans, fut quant à lui envoyé à la prison du Fort du Hâ, ancienne forteresse située à Bordeaux qui fut utilisée lors de l'occupation nazie comme prison pour les opposants politiques et les membres de la Résistance.
Sources
Témoignage de Maurice Rideau, qui le décrit "calme, lucide"
Questionnaire biographique (contribution à l’histoire de la déportation du convoi du 6 juillet 1942), envoyé aux mairies, associations et familles au début de mes recherches, en 1987, rempli par Gabriel Torralba le 8 décembre 1987.
Deux lettres de Gabriel Torralba à André Montagne (non datées).
Etat civil de Tarbes
Extraits de « La Gironde sous l'Occupation. La répression française. Bordeaux 1940 - 1944 » de René Terrisse.
Site internet de l’Amicale de Chateaubriant-Voves-Rouillé.
Témoignage de l'épouse de Gabriel Torralba (Conception Ramirez Naranjo) dans l'affaire des victimes espagnoles des camps d'extermination du IIIe Reich (in site Equipo Nizor).
Fascicule Premier, 1940-1941 d'Henri Chassaing et Georges Durou, 1991.
Biographie rédigée en décembre 2010 par Claudine Cardon-Hamet, docteur en Histoire, auteur des ouvrages : "Triangles rouges à Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942" Editions Autrement, 2005 Paris et de «Mille otages pour Auschwitz, le convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45000 », éditions Graphein, Paris 1997 et 2000 (épuisé).
Documents fournis par Marie Ange Torralba y Vendrelle
* (Poinsot Henri fusillé le 21 juillet 1945 à Riom):
Pierre Napoléon Poinsot, né le 27 janvier 1907, à Bouxières-aux-Dames, en Meurthe-et-Mosele est né dans une famile de trois garçons dont il est l'aîné. Après des études primaires au bout desquelles il obtient le brevet élémentaire. Puis, il s'engage, à dix neuf ans, à Casablanca, dans l'armée de l'air. Il a dix-neuf ans. En 1930, il est démobilisé après quatre ans de service. Toujours au Maroc, il entre, sur concours, dans la police. Entré dans la police nationale il est nommé à Montbéliard, puis aux Andelys où il devient commissaire. Nommé à Saint-Lo, en 1936, il se fait remarquer par son anticommunisme vicéral.
Nommé à Bordeaux en 1938, dans la police spéciale de la préfecture, il est affecté au commissariat de la gare Saint-Jean avec, sous ses ordres les inspecteurs Langlade et Laffargue, avec lesquels il se lance dans une chasse effrénée aux communistes, qu'ils soient militants ou sympathisants.
D'une intelligence au-dessus de la moyenne, Poinsot est habité par une ambition démesurée propre à utiliser tous les moyens pour réaliser ses projets. Il mettra à profit le départ du commissaire divisionnaire Seugnard et de son adjoint, le commissaire Sangla pour essayer de prendre leur place en les dépréciant par de mauvais renseignements. La démarche, plus que transparente, ne fut pas appréciée par sa propre hiérarchie qui, en conséquence, le muta à Evreux, ou, tout au moins souhaita le muter dans cette ville. En effet, les autorités d'occupation bordelaises ne pouvaient voir s'éloigner un tel policier, de valeur déjà reconnue. Sur leur intervention, avec l'appui de Reige, directeur de cabinet du préfet Pierre-Alype, Pierre Napoléon Poinsot resta à Bordeaux.
Reige part au début de 1942. Poinsot compense cela en se mettant au service de l'occupant, choix indispensable pour l'évolution de sa carrière, ce qui reste son seul souci. Dohse, de la section IV du KDS, profite de ces bonnes dispositions pour accroître la coopération déjà existante entre la brigade Poinsot et ses services, ce qui fit de Poinsot le numéro un des services allemands, tant dans la chasse aux communistes et la traque aux résistants; la brigade Poinsot devint la section plus sanguinaire. Les inspecteurs Tournadour, Célerier, Evrard et Langlade sont connus pour leurs interrogatoires musclés. Policiers français ils finissent par travailler directement pour Dhose, à l'entière satisfaction de celui-ci qui en vint à abandonner à Poinsot les opérations sur le plan pratique afin de mieux se consacrer à la lutte contre la Résistance. Poinsot sera immatriculé sur les fichiers du KDS sous le numéro 912.
Extraits de l’ouvrage de René Terrisse. Le Temps des passions et ; Bordeaux 1940 / 44
Voir aussi : L'Allier dans la guerre Par Jean Débordes ;
Dans les prisons de Vichy. La brigade Poinsot, le château des Brosses, la libération de Vichy de Marc-André Fabre. )
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