ROBERT Mathieu
ROBERT Mathieu
Cheminot en gare de NANTES (44)
Date de naissance : 24 janvier 1914
Lieu de naissance : Messac (Ille et Vilaine)
Date de décès : 08 août 1944
Lieu de décès : Messac (Ille et Vilaine)
Circonstance : Exécuté
Méthode de recherches Rail et Mémoire pour cette notice :
relevé de la plaque de NANTES (44)
Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940 - 1945 ; J. P. Sauvage et Xavier Trochu.
Archives Municipales de Nantes : cote 1134 W 40.
Avec nos remerciements à Mr Thierry BEAUJOAN, Maire de la ville de Messac et Jean-Claude BOURGEON Historien, qui a eu l’amabilité de rédiger la notice suivante, avec la vérification et la permission de madame Veuve Robert.
de notre correspondant Carlos Fernandez
Mathieu Robert était cheminot à la Gare de Nantes. Avec d’autres camarades, il participait aux actions de résistance menée par « Résistance-Fer » et des F.T.P. Mathieu et Marie-Joseph Robert, originaires de Messac habitaient entre deux bras de la Loire, à mi-distance entre la gare et la Kriegsmarine, un quartier particulièrement exposé.
Après les lourds bombardements de Nantes des 16 et 23 septembre 1943, une grande partie de la population avait évacué de la ville. Enceinte, Marie-Joseph Robert avait quitté Nantes vers la fin de l’année 1943 pour se replier dans la pièce unique d’une petite maison qu’ils possèdent au village de Clédy. Et c’est là qu’une semaine après son arrivée, elle avait donné le jour à sa fille. Son mari l’y avait rejointe quelques jours après la naissance.
Toute la journée du 3 août, avec le groupe de Louis Bourgeais, Mathieu Robert a participé à la traque des allemands. Les Résistants des deux groupes, celui de Louis Bourgeais et ceux du groupe de sabotage des cheminots dirigé par Jean-René Roquebernou, ont capturé un grand nombre de soldats qu’ils ont emmené rejoindre les autres prisonniers sous le chêne de la Liberté.
Le midi Mathieu a déjeuné chez Maurice Requintel le boucher. Un fusil « Mousqueton » à l’épaule, la ceinture bardée de grenades, il rentre tard le soir.
Le 4 août au matin, à 3 heures, il a quitté la maison pour continuer l’action contre les allemands.
Vers 20 heures, Mathieu Robert, Auguste Meilleray et un troisième homme * viennent de quitter Messac au terme d’une journée très mouvementée. Ils marchent de front sur la route de Pléchâtel. Auguste Meilleray n’a pas voulu entendre Louis Bourgeais qui a demandé à tous les patriotes de laisser leurs armes et leurs munitions chez lui au bourg. Ouvrier de l’Arsenal de Brest il a l’intention de réparer un fusil-mitrailleur défaillant. C’est le troisième homme, le plus jeune, qui se fait une fierté de le porter. Malgré les recommandations Mathieu Robert a lui aussi conservé son arme.
Ils ont passé la journée à pourchasser les allemands dans les bois de Boeuvres et rentrent tranquillement au village de Clédy sans penser au danger qui les attend, peut-être trop sûrs après avoir capturé plusieurs soldats ennemis et rassurés par le passage incessant des véhicules et troupes alliées depuis la veille.
Longeant les haies, fatigués, un groupe d’allemands, une quarantaine, fuyant vers St Nazaire, avait fini par se tapir à l’orée du bourg dans une petite châtaigneraie.
Soudain, un allemand s’avance sur la route. Mathieu Robert lui lance : « - Bas les armes ! » L’allemand qui se sait protégé par ses congénères lève les bras tranquillement et se laisse appréhender. Les autres jaillissent alors de l’obscurité de la Châtaigneraie. Auguste Meilleray crie à son jeune camarade : « -Sauve-toi vers la droite : » et lui-même s’élance vers la gauche. Une rafale part. Il s’écroule dans un champ de betteraves le dos criblé de balles. Le jeune jette le fusil-mitrailleur et détale à toutes jambes. Il court à travers champs. Les balles sifflent autour de lui et font virevolter des volutes de terre. Mais il connaît parfaitement le terrain. Empêtrés dans les clôtures et les ronces, les allemands ne réussissent pas à l’atteindre ni à le capturer.
Mais ils tiennent Mathieu Robert. Ils lui font subir les pires tortures que la décence nous interdit de citer et ils l’abandonnent agonisant dans le fossé.
Ce soir du 4 août, vers 20 heures, Marie-Joseph Robert, l’épouse de Mathieu, a entendu ces coups de feu du côté du haut du bourg. La fusillade s’est prolongée. Elle est très inquiète.
Vers 5 heures du matin, Maria Meilleray frappe à la porte : « - C’est Maria ! Mathieu est-il rentré ? », « - Non » - Auguste non plus » ! Peu après, le père Heuzé ramène dans son tombereau les corps ensanglantés de Mathieu Robert et d’Auguste Meilleray.
Au lever du jour, très inquiet du sort de ses camarades, le troisième homme retourne au village de Clédy et c’est là qu’il apprend que ses deux collègues sont morts. Lui seul a réussi à échapper à la mort.
Un agent de liaison qui rentre à sa planque à la ferme du château de la Pommerais a assisté de loin à ce carnage. Les allemands l’ont fouillé, vérifié, et lui ont montré un corps dans le fossé, « Terrorist » !
Il est retourné au bourg prévenir Louis Bourgeais le chef du groupe « Mortier ». Celui-ci s’attend à ce que les allemands arrivent d’un moment à l’autre et se livrent à des représailles envers la population. Mais ces derniers n’auront pas le temps, ni l’audace, de mettre en œuvre les exactions que certains de leurs congénères ont pu commettre ailleurs.
la stèle édifiée à l'endroit où avec son camarade Auguste Meilleray il a été massacré
* Très choqué par ce drame dont il est le seul rescapé, il souhaite que son nom ne soit pas cité.
ZOBERT Mathieu. Nota : une faute de frappe indique Zobert Mathieu au lieu de Robert Mathieu dans »cheminots et militants ». Collection J. Maitron.
Né vers 1914, mort le 4 août 1944 à Messac (Ille-et-Vilaine) ; cheminot
nantais ; résistant.
Domicilié 17, rue Alain Barbe Torte à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique),
Mathieu Zobert fut un combattant du maquis figurant sur la « liste des cheminots
nantais Martyrs de la Résistance » établie par le comité de Nantes de la Résistance
ferroviaire.
SOURCE : Notes de Carlos Fernandez.
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