RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

PAGEAUX Raymond

PAGEAUX Raymond

 

Ajusteur à DIJON PERRIGNY (21)

 

Date de naissance : 21 septembre 1911

Lieu de naissance : MONT LES SEURRE (71)

Date de décès : 19 avril 1944

Lieu de décès : STUTTGART

Circonstances : exécuté en Allemagne

 

 

Méthode de recherche rail & mémoire pour cette notice :

 

Echange de courrier avec la famille

Extrait article de Christian Bachelier, in Revue d’Histoire des Chemins de FER 1996

 

Le 31 août, 7 cheminots de Dijon-Perrigny , Raymond Pageaux, André Dubois, Raymond Gaspard, Maxime Perreau, Maurice Thuringer, Jean-Paul  Tamigi et Jean Ridet                                                                                                     sont arrêtés. L'affaire est suivie par la direction générale de la SNCF et le ministre:

 

- le 13 septembre, lors de la conférence ferroviaire hebdomadaire:

"Point 2. Incidents à Oullins et à Perrigny.

M. Berthelot met au courant des incidents qui se sont passés ces derniers jours [septembre 1943] à Oullins et à Perrigny. […]

À Perrigny, sept cheminots qui avaient été arrêtés récemment par les autorités allemandes pour des causes extérieures au service. Ces arrestations ont créé une effervescence parmi les autres cheminots de Perrigny qui ont décidé de se mettre en grève. Sur intervention du préfet, les cheminots ont repris le travail, mais ils ont menacé de déclarer la grève pour le lendemain, si leurs camarades n'étaient pas relâchés entre temps. Les autorités allemandes ayant fait connaître à la suite que les agents arrêtés auraient fait des aveux, le préfet est intervenu à nouveau auprès des cheminots et ceux-ci n'ont pas arrêté le travail."

Le 27 novembre, les cheminots de Perrigny sont condamnés à mort. En protestation, le 29, leurs collègues se mettent durant 2 heures en grève, qui reprendra deux jours plus tard, et s'étendra sur la ligne Paris-Lyon.

- le 29, dans une note de la direction des Chemins de fer:

"Les motifs de l'incarcération et de la condamnation à mort ne sont pas exactement connus.

La Région Sud-Est est très mal renseignée et croyait que les arrestations avaient été provoquées par certains actes de sabotage qui se sont produits en août au dépôt de Dijon-Perrigny. Le chef de ce dépôt, auquel cette Région aurait téléphoné hier au sujet des condamnations à mort, n'a pu donner aucune précision sur les motifs de la condamnation à mort.

M. Santot, chef du Syndicat, m'a fait part de certains bruits selon lesquels les condamnations auraient été motivées par des actes d'intelligence avec l'ennemi, réception d'armes déposées par parachutes, distribution de ces armes et attentats terroristes. Mais il n'a pu me donner aucune précision sur la réalité de ces motifs."

- le même jour, lors de la conférence ferroviaire hebdomadaire:

"Point 12. Condamnation à mort de 7 agents de Dijon-Pérrigny.

Le ministre, avisé de cette condamnation, vient de faire une démarche pressante auprès du président Münzer pour le prier d'intervenir afin que les agents soient graciés."

- toujours le 29 novembre:

"Dans la soirée du 29 novembre, le ministre accompagné de M. Fournier, président, et de M. Le Besnerais, directeur général de la SNCF, a été reçu par M. le président Münzer, délégué du ministre des Communications du Reich. Il a exposé que le gouvernement français ne demandait pas une révision du jugement rendu par le tribunal militaire allemand de Dijon, mais souhaitait obtenir la grâce des condamnés. […] Il a particulièrement insisté sur le point suivant, si une décision dans ce sens et pour ces motifs était prise par les hautes autorités allemandes: elle aurait le plus grand effet psychologique sur tout le personnel de la région de Dijon, région dont la sensibilité s'est manifestée à plusieurs reprises.

M. Le président Münzer a bien voulu promettre au ministre d'intervenir dans toute la mesure que comportaient ses attributions en l'espèce."

- le 7 décembre, lors de la conférence ferroviaire:

"Point 1. Incidents au dépôt de Dijon.

M. Le Besnerais a été mis au courant qu'une délégation des agents du dépôts de Dijon a été reçue par le président Laval. Il tient d'autre part le ministre au courant d'une démarche que la SNCF a faite auprès du préfet de la Côte-d'Or pour lui demander de faire évacuer le dépôt en cas d'incident. Le préfet a toutefois déclaré qu'il n'en avait pas la possibilité, mais M. Le Besnerais insiste pour qu'on prenne les mesures utiles pour éviter la grève sur le tas."

Le 9, une délégation des cheminots en grève est convoquée à Paris. Le lendemain, est annoncée la grâce des 8 condamnés. La peine de mort est commuée en déportation, ils sont déportés le 22 décembre.

le 27, lors de la conférence hebdomadaire:

"Point 8. Correspondance au sujet des 7 cheminots de Dijon condamnés à mort.

M. Bichelonne demande à M. Morane d'écrire à M. de Brinon pour lui demander de faire modifier la lettre des Allemands, dont le libellé actuel met des conditions inacceptables à la non-exécution de la sentence."

- le 29, Bichelonne rencontre Münzer:

"Point 7. Condamnation à mort de 7 cheminots de Dijon-Perrigny.

Dans cette affaire, le ministre avait préparé une lettre à la SNCF dont il avait soumis le projet au président Münzer. Celui-ci, tout en étant d'accord avec le sens de la lettre prie le ministre d'y apporter quelques modifications de détail. Le ministre et le président Münzer se mettent d'accord sur le libellé définitif. La nouvelle rédaction sera soumise encore cet après-midi par la HVD à M. Morane. À cette occasion, le président Münzer signale que lors d'une récente entrevue à Dijon, les autorités compétentes allemandes ont invité les dirigeants de la SNCF d'user de toute leur influence sur le personnel pour les inviter à ne plus se laisser aller à des actes irréfléchis et inconsidérés. Car, en cas d'une nouvelle grève, il serait impossible d'intervenir à nouveau au profit de ces sept agents."

- le 24 janvier 1944, lors de la conférence hebdomadaire:

"Point 15. Réponse de M. de Brinon dans l'affaire de la condamnation des 7 cheminots de Dijon-Pérrigny.

Dans sa réponse, M. de Brinon ne voit pas de contradiction entre ce qu'il a dit lui-même et ce qu'ont dit les Allemands. M. Bichelonne demande à M. Morane de préparer une nouvelle lettre à l'adresse de M. de Brinon."

Le tribunal militaire de Karlsruhe juge de nouveau les 8 graciés et les condamne de nouveau à mort. Le 19 avril 1944, ils sont tous décapités à la hache.



06/05/2010
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