RAIL et MEMOIRE

RAIL et MEMOIRE

PERREAU Maxime

PERREAU Maxime

 

Ajusteur au  Dépôt de DIJON PERRIGNY (21)

 

 

Date de naissance : 4 Juin 1909
Lieu de naissance :
 POUILLENAY  (21)
Date du décès :
 19 avril 1944
Lieu de décès :
 Prison de STUTTGART (Allemagne)
Circonstances : Décapité à la hache  

 

Méthode  de recherche Rail & Mémoire pour cette notice :

Témoignage et photo fournis par son fils André PERREAU que nous remercions vivement

 

Maxime PERREAU , mon Père, est né le 4 Juin 1909 à Pouillenay en Côte d’or.

En 1924, Il  entre à l’école d’apprentis de la SNCF , comme ajusteur au dépôt des locomotives de Dijon-Perrigny.

En 1940, face à la défaite et à l’occupation de notre pays par les armées Allemandes, il est de ceux qui pensent que tout n’est pas perdu et, avec ses camarades du dépôt : André DUBOIS,  Raymond GASPARD, Rémond PAGEAUX, Jean RIDET, Jean TAMIGI et Maurice THURINGER, c’est la formation, fin 1940, du groupe de résistance et de sabotage du dépôt de Perrigny.

Ce groupe devient très actif dans les sabotages de ce qui était devenu la machine de guerre nazie (rails, locomotives, etc) et dans la récupération des parachutages d’armes et d’explosifs.

L’origine des parachutages fut l’ordre donné par CHURCHILL de constituer un service appelé S.O.E (Special operations  executives) dont il confia la direction à un agent secret, Harry REE, avec pour mission le sabotage des installations vitales des Allemands.

Harry REE fut parachuté en France. Un adjoint, le Capitaine STAEL, de « l’intelligence service » vint le rejoindre pour le seconder. C’est lui qui prit contact avec Maurice THURINGER.

STAEL avait pour chauffeur un certain Pierre MARTIN, un collaborateur infiltré dans la résistance.

A partir du 15 Août 1943 un certain nombre de rafles eurent  lieu dont celle de nos 7 cheminots qui avaient récupéré un parachutage d’explosifs le 17 Juillet à Arcenans. Ils furent arrêtés dans la nuit du 31 Août à leur domicile et incarcérés à la prison de Dijon.

Harry REE comprit  rapidement  que Pierre MARTIN était à l’origine de toutes ces dénonciations et  donna l’ordre de le supprimer,  ce  qui fut fait le 9 Novembre 1943,( après plusieurs tentatives infructueuses) au « Terrass’hotel » de Besançon alors que Pierre MARTIN y déjeunait en compagnie d’Allemands.

 

Le 27 Novembre 1943, nos sept cheminots sont condamnés à mort par un tribunal spécial de guerre Allemand pour « Intelligence avec l’ennemi, réception d’armes et actes de sabotage »

Aussitôt connue, cette condamnation provoque l’indignation de leurs camarades et la colère de la population Dijonnaise.

A la suite de cette condamnation, leurs camarades du dépôt de Perrigny se mettent en grève le 2 Décembre 1943 et une délégation intervient auprès de Pierre LAVAL, à Vichy, pour obtenir leur grâce.

Face aux perturbations engendrées par cette grève, les Allemands les gracient le 9 Décembre 1943 et le travail reprend. Mais ils restent incarcérés à la prison de Dijon. Quelques colis pourront leur parvenir avec la complicité d’un gardien d’origine Autrichienne qui sera d’ailleurs exécuté par la suite pour trahison.

Une maigre correspondance s’établit (mines de crayon cachés dans du pain, petits morceaux de papier dans les cols de chemises et dans les ceintures de caleçons ) lors des échanges de colis de linge.

Des lettres sont aussi permises, lettres dont la gestapo espère tirer quelque profit.

Il sont régulièrement emmenés dans l’immeuble de la gestapo, rue Dr Chaussier,  pour y être interrogés et torturés sauvagement afin de leur faire avouer des noms et des projets de sabotage,  (baignoire glacée, brûlures, pendaison par les bras aux barreaux ...) par de « bons petits soldats » Allemands , jeunes pères de famille comme eux, qui ne font qu’obéir aux ordres, tout comme leurs supérieurs, qui ne font qu’obéir ....etc. Ce qui a pu faire dire aux Allemands, après la guerre, qu’Hitler était seul responsable de toutes ces atrocités et ses barbares de nazis des enfants de chœur. La gestapo n’obtiendra rien de nos sept cheminots.

Jamais mon Père n’a évoqué ces faits à Maman lors de nos trop rares autorisations de visites, plutôt attaché à tenter de la rassurer.   

Le 19 Décembre nous sommes autorisés à lui rendre visite avant son  départ pour l’Allemagne le 20 Décembre comme prisonnier ainsi que ses camarades. C’était la dernière fois que je voyais mon Père, j’avais 5 ans.

Ils sont dirigés vers l’Alsace où ils connaissent leur premier camp de concentration, le Struthof, la forteresse de Bruxal (enchaînés et autorisés à sortir ¼ d’heure par jour, la prison de Karlsruhe.

Le 18 Avril 1944 ils sont transférés  à la prison de Stuttgart où ils sont immédiatement informés, au cours d’un semblant de procès, que la grâce accordée en France est déclarée nulle sur le territoire Allemand. Ils sont condamnés à être exécutés le lendemain matin à l’aube.

Autorisés à écrire une dernière lettre à leur famille  (lettre qui ne sera jamais acheminée et détruite immédiatement) ils sont alors décapités à la hache, dans la cour de la prison de Stuttgart, le 19 Avril 1944 à 5 heures du matin.

L’horreur de leur exécution nous fut rapportée quelques années plus tard par le témoignage d’un pasteur Allemand qui  les assista dans leurs derniers moments et qui avait mémorisé l’adresse de l’un d’entre eux, afin de rapporter les faits à leurs familles.

Souvenons nous et soyons fidèles à leur mémoire, chaque 19 Avril, devant la plaque commémorative apposée cour de la gare à Dijon car, grâce à tous ceux qui comme eux ont eut le courage de réagir :

                        NOUS SOMMES LIBRES.

                                                         André PERREAU, son fils.



09/06/2011
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